Vie du laboratoire
Une très bonne nouvelle pour notre doctorant Mamadou Lamine Ngom (ci-contre), qui bénéficiera de septembre 2022 à juin 2023 d'une bourse de la coopération française gérée par Campus France. Mamadou travaille à une thèse intitulée "Pluralisme ou Monisme scientifiques ? Enjeux épistémiques et pratiques : une approche comparative", sous la direction de Léna Soler et Boubé Namaïwa (Université Cheikh Anta Diop de Dakar). Toutes nos félicitations !
Nous accueillerons également à la rentrée de nouveaux doctorants et trois nouveaux collègues enseignants-chercheurs. On vous en dit plus dans la lettre de septembre.
Le début du mois de juillet a été marqué par les deux colloques "Dialoguer avec Gerhard Heinzmann" et "Poincaré 2022", le point d'orgue scientifique de cette année des 30 ans. Pour jeter un regard sur ces manifestations, vous pouvez retrouver, en lieu et place de l'habituel zoom projet, une interview de Gerhard Heinzmann.
Le laboratoire fermera comme toujours ses portes à Nancy en même temps que l'ensemble du site Libération, du 22 juillet au soir au 16 août au matin. Nous vous souhaitons un bel été et vous donnons rendez-vous à la rentrée !
Séminaires, groupes de travail et manifestations
- École thématique CNRS "Computation et algorithmes : anciens et nouveaux enjeux pour la philosophie des mathématiques", 27 juin - 1er juillet 2022, Marcoux [en savoir plus]
- Colloque "Where AI Ethics Should Go?", 30 juin - 1er juillet 2022, Tübingen
- Journées "Dialoguer avec Gerhard Heinzmann", 4-5 juillet 2022, Nancy [en savoir plus]
- Colloque "Poincaré 2022", 6-8 juillet 2022, Nancy [en savoir plus]
Nous serons en pause pour les séminaires en juillet-août, mais nous vous retrouverons avec un nouveau programme dès septembre ! En attendant, vous pouvez toujours voir ou revoir les vidéos disponibles sur notre plateforme : https://videos.ahp-numerique.fr/
Hors les murs
- 2 juillet, Frédéric Wieber et Alexandre Hocquet : "Computational reproducibility and scientific software: beyond code transparency", 9th Society for the Philosophy of Science in Practice Conference, Ghent
- 20 juillet, Olivier Ouzilou : "Anti-intellectualisme et moralisation", IXe Congrès SOPHA, Neuchâtel
- 15 août, Olivier Ouzilou : "Social sciences and conspiracy theorizing: the problem of collective entities",4th International Conference of the German Society for Philosophy of Science, Berlin
- 24 août, Yamina Bettahar : "Les élites nobiliaires françaises et le processus de modernisation de l'électrification au Maghreb. Émergence de nouveaux pôles d'attraction (XIXe-XXe siècles)", XXIIIe Congrès international d'histoire des sciences, Poznán
- 1er septembre, Christophe Bouriau : avec Jochen Sohnle, "Qu'est-ce que l'éthique environnementale ?", Université d'été de la Chaire Normandie pour la paix, "Droit(s) des générations futures - paix - environnement", Caen
Du côté des projets
Des jeux de données produits par les Archives Henri-Poincaré ont été publiés sur le portail national Recherche Data Gouv le 8 juillet : ils y seront valorisés très prochainement. Cette valorisation prendra la forme d'un bref article renvoyant aux jeux déposés dans l'entrepôt de l'Université de Lorraine, DOREL, dont les métadonnées sont moissonnées par Recherche Data Gouv. Laurent Rollet, Martina Schiavon, Julien Muller, Frédéric Soulu, Céline Fellag-Arouet et Robert Sitton, pour la relecture en anglais, ont participé à cette opération. Ces jeux de données sont issus du travail réalisé dans le cadre du projet ANR BDL/1795-1932 par Julien Muller ("Personnes citées dans les procès verbaux du Bureau des longitudes", "Membres du Bureau des longitudes") et Frédéric Soulu ("Instruments scientifiques mentionnés dans les procès-verbaux du Bureau des longitudes (jusqu'à l'année 1895)" et "Instruments scientifiques (objets) dans les procès-verbaux (jusqu'à l'année 1895)"). Un DOI a été attribué à chaque jeu (https://doi.org/10.12763/XTCGHC , https://doi.org/10.12763/KSKGH8, https://doi.org/10.12763/OSWBDK, https://doi.org/10.12763/FQCHN1 respectivement).
Grand public
Stéphane Schmitt a publié dans la revue Pour la science un article intitulé "L'Encyclopédie méthodique : un monstre éditorial", consacré au projet de refonte de l'Encyclopédie de Diderot de l'éditeur Charles-Joseph Panckoucke. Le texte est disponible ici.
Vient de paraître
Musurgia. Analyse et pratique musicales, 2021/2-3 (volume XXVIII), "L’analyse musicale entre forme et contexte I", coordonné par Vincent Granata [présentation sur le site de la revue]
La Huitième Sonate pour piano de Beethoven a un caractère pathétique, la « Rêverie » de Schumann est d’une douce sérénité, la chanson « Key to the Highway » du bluesman Big Bill Broonzy dénote l’espoir : cette façon de parler n’est pas rare et constitue même une part importante de l’appréciation musicale. Les concepts techniques de l’analyse sont en effet loin d’épuiser nos manières de parler de la musique, en témoigne le fréquent usage de termes relatifs à des substances ou à des processus (métallique, murmurant, soyeux), à des qualités (doux, froid, dur), à des affects déterminés (mélancolique, enthousiaste, joyeux) ou à des idées plus générales (l’espoir, la patrie, la fraternité). À la différence de caractérisations structurelles, harmoniques ou rythmiques, ces termes ne renvoient pas à des propriétés purement musicales, mais à ce qu’on appelle parfois contenu, unités signifiantes ou encore signifiés musicaux et que l’on peut qualifier plus généralement de propriétés esthétiques des œuvres. La question qui se pose alors est celle de la place qu’il faut accorder à ces propriétés : ont-elles un rôle à jouer dans l’analyse musicale ? S’agit-il simplement de notions ad-hoc, extramusicales, utilisées par le profane par manque de bagage théorique et de connaissances techniques sur la musique ? Et si cela est le cas, ces propriétés sont-elles réductibles à des propriétés formelles liées à une structure, à une progression harmonique, à un schéma rythmique ? Ou bien au contraire, ont-elles une valeur épistémique plus importante qui les rendrait indispensables à la compréhension des œuvres musicales ? En résumé : l’analyse musicale peut-elle et doit-elle prendre en charge ces propriétés ? (extrait de l'introduction de Vincent Granata)
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Abdoulaye Ba, "Retour sur 'General semantics' de David K. Lewis: cinquante ans après", Revue Al Mukhatabat, 40, octobre 2021, 78-93.
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Stéphanie Debray, "Questions médicales controversées, déclarations de consensus et participation du public : le cas des conférences de consensus du National Institute of Health", Dialogue: Canadian Philosophical Review/Revue canadienne de philosophie, 61(1), 55-81.
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Eric Jacques, "Le calorique : un modèle utile à l'enseignement scientifique (première partie)", L'Actualité chimique, 475 (juillet-aout 2022), 54-59.
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Wioletta Miskiewicz, "École de Lvov-Varsovie", in CH. Delsol & J. Nowicki (éds.), La vie de l'esprit en Europe Centrale et orientale depuis 1945 Dictionnaire encyclopédique, Paris : Les Éditions du Cerf, 2021, 166-169.
- Wioletta Miskiewicz & U. M. Zeglen, "Préface de la rédaction", numéro spécial consacré à la coopération scientifique franco-polonaise de Zagadnienia Naukoznawstwa , T. 55, nr 3. En ligne : https://apcz.umk.pl/ZN/issue/view/2279
- Wioletta Miskiewicz, "Qu’est-il-arrivé à la Liseuse de Vermeer ?", En attendant Nadeau, n° 151, 2022. En ligne : https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/05/11/liseuse-vermeer-restauration/
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Roger Pouivet, Compte-rendu de Alessandro Arbo, "The Normativity of Musical Works: A Philosophical Inquiry", Transposition, 10, 2022. En ligne : https://journals.openedition.org/transposition/7278
- Anne-Françoise Schmid, "La Fin des Temps Philosophiques : comment changer la philosophie pour la mettre en situation de contribuer aux problèmes du monde réel ?", Oraxiom: A Journal of Non-Philosophy, Vol. 1 No. 1 (2020): Issue No. 1, The End Times, 33-40. En ligne : https://www.oraxiom.org/no1/3_Schmid.pdf
- Anne-Françoise Schmid, "Sciences, Philosophies, and the question of borders", Identities, Journal for Politics, Gender and Culture, volume 18, n°1-2, 2021, 66-73. Translations by Jeremy Ross Smith.
- Stéphane Schmitt, "Les travaux zoologiques de Jacob Theodor Klein (1685-1759) et leur réception en France : une opposition mesurée au linnéisme", Revue d'histoire des sciences, 1 (75), 2022, 159-195. En ligne : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-des-sciences-2022-1-page-159.htm
Signalons également la parution, dans le dernier numéro de la revue Zilsel (2021/1, numéro 10), d'un dossier intitulé "Travailler avec Anselm Strauss", coordonné par Joséphine Bastard et Thibaud Trochu, et qui contient entre autres le texte inédit d'une conférence donnée par Alexandre Métraux dans le séminaire de Strauss en 1978, "La science selon Mead".
Interview || Gerhard Heinzmann
La semaine dernière avait lieu à Nancy deux journées « Dialoguer avec Gerhard Heinzmann ». Comment avez-vous vécu ce moment de célébration et qu’en retirez-vous ?
J’ai éprouvé des sentiments multiples et mêlés. D’abord le plaisir de revoir autant d’amis (même si tous n’ont malheureusement pas pu être invités), de renouer des contacts et de poursuivre des conversations engagées depuis longtemps. Par ailleurs, je me suis aperçu, au vu du travail important fourni par les invités pour discuter mes travaux ou mes thématiques, de toutes les lacunes dans mes raisonnements, de l’étendue de ce que je ne sais pas. C’est un motif de modestie, mais aussi de regret. J’ai le sentiment par exemple de ne pas avoir assez travaillé les mathématiques elles-mêmes, et aussi de ne pas avoir assez lu les travaux de mes collègues : je me suis efforcé tout au long de ma carrière d’améliorer mes théories, mais le retour sur celles-ci, qui ont toujours été très ancrées dans l’œuvre et le pragmatisme dialogique de Kuno Lorenz, mon maître à Sarrebruck, me font réaliser surtout l’étonnante force et la profondeur de sa philosophie. Je regrette également de n’avoir pas su transmettre suffisamment cette lignée philosophique, notamment chez mes doctorants. Au final, je réalise que j’ai mis en œuvre cette idée de dialogue, institutionnellement, dans la création des Archives Henri-Poincaré, et dans le fait d’avoir fait recruter au département de philosophie de Nancy, sur des postes spécifiques (les chaires Lecourt), des scientifiques non-philosophes pour nourrir la réflexion en philosophie des sciences. Cela a été, je crois une situation tout à fait unique, et je retire une réelle fierté de l’avoir mise en œuvre, dans un contexte institutionnel favorable, et d’avoir effectué ce travail collectif de création, une dimension qui manque parfois dans le travail philosophique.
Que retenez-vous scientifiquement des échanges menés durant ces deux jours ?
Là encore, des regrets, mais aussi des confirmations. Pour les premiers, je citerai l’exemple de la constructive type theory de Per Martin-Löf, dont je ne maîtrise pas toutes les finesses, ce qui m’empêche d’en exploiter toute la fécondité pour la philosophie des mathématiques, la compréhension de ce qu’est une preuve, etc. Pour les secondes, les débats de fond autour du réalisme et de l’antiréalisme me confortent dans l’idée que l’antiréalisme est une position tout aussi défendable que le réalisme, et comportant moins de présuppositions métaphysiques. J’ai également la conviction que notre interprétation « nancéienne » des thèses de Poincaré, aussi bien en mathématiques ou en physique qu’en philosophie, est la meilleure. Bien sûr, dialoguer avec mes collègues m’a également apporté de nouveaux points de vue, de nouvelles intuitions, par exemple sur la question de la vérité, ou sur les expériences de pensée. Mon regret est l’incertitude quant au maintien à Nancy d’un séminaire de philosophie des mathématiques qui aurait permis de discuter tous ces points.
Vous aviez organisé en 1994 le premier Congrès international Henri-Poincaré. Le colloque Poincaré 2022 qui s’est tenu en deuxième partie de la semaine dernière a permis de faire un point sur les évolutions des recherches sur Poincaré. Qu’est-ce qui vous semble nouveau et intéressant ?
J’ai été très intéressé par la session sur l’existence d’une tradition poincaréenne en Europe centrale : même en sachant que l’influence de Poincaré a été et reste mondiale, chaque contexte régional est différent. De même, les discussions sur la relativité générale et sa compatibilité avec les thèses de Poincaré ont été très éclairantes. Donc bien entendu, des connaissances nouvelles ont été produites en près de 30 ans, mais pour ce qui est de l’approche interprétative que je mentionnais précédemment, il me semble que les principes en étaient déjà formulés et actifs en 1994. Je vois cependant deux nouveautés. La première est d’ordre méthodologique et concerne les humanités numériques : la possibilité de chercher dans le corpus total des écrits de Poincaré les occurrences d’un mot-clé, et pourquoi pas dans le futur, d’une formule mathématique, ouvre des perspectives extraordinaires et j’ai hâte que ces outils soient mis au service de la recherche. L’autre nouveauté importante est à chercher du côté des travaux sur la biographie de Poincaré, dans cette volonté, qui s’inscrit dans le practical turn en histoire et philosophie des sciences, de donner à voir et faire comprendre la vie quotidienne et professionnelle d’un savant de ce niveau. Le projet d’écriture d’une « autobiographie » de Poincaré est de ce point de vue très intéressant. Recréer ainsi sa vie jusque dans l’intime est un moyen de descendre le grand scientifique de son piédestal, mais aussi de montrer à un public large la richesse des archives sur lesquelles nous travaillons, et qui rendent possible cette construction. Au fond, présenter Poincaré comme littéraire, non pas seulement le décrire comme tel, mais effectuer l’acte d’écriture lui-même, me semble une porte d’entrée particulièrement adaptée.
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© 2022 - Archives Henri-Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine / Université de Strasbourg)