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La lettre d'information des Archives Poincaré (septembre 2023)

Vie du laboratoire

Comme nous l'annoncions lors d'une lettre précédente, nous avons le plaisir d'accueillir deux nouveaux collègues en cette rentrée. Sandra Bella (ci-contre à gauche), a pris son poste à l'INSPÉ de Lorraine : spécialiste d'histoire et de philosophie des mathématiques, elle travaille notamment sur les manuscrits mathématiques de Leibniz. Guillaume Schuppert (ci-contre à droite) a quant à lui effectué sa rentrée comme ATER au département de philosophie de Nancy : il poursuit ses recherches en esthétique philosophique sur la représentation et la fiction et s'est plus récemment tourné vers la philosophie du cinéma. Nos deux nouveaux arrivants, auxquels nous souhaitons la bienvenue, remplacent respectivement Ahmed Jeddi et Roger Pouivet, qui ont fait valoir leur droit à la retraite. L'occasion de leur souhaiter à tous deux une "vie d'après" pleine de satisfactions et d'activités (le laboratoire restant un lieu propice à cela), et de signaler la journée "Qui veut la peau de Roger Pouivet ?", qui aura lieu le 27 mars 2024 à Nancy.

De bonnes nouvelles de nos anciens doctorants et jeunes docteurs ! Loïc Besnier a été recruté pour trois ans à l'INSA de Bourges,  comme chargé de la conception, médiation et ingénierie pédagogique du projet CyberInsa. Victor Monnin enseignera cette année l'histoire des sciences comme Substitute Assistant Professor of History à John Jay College (City University of New York), et donnera également des cours de français à Fordham University. Enfin Melissa Arneton est détachée à l'INED en tant que coordinatrice scientifique en SHS du projet Elfe (Étude longitudinale française depuis l'enfance). Nos doctorantes ne sont pas en reste : Blandine Lagrut bénéficie actuellement et jusqu'à mi-décembre d'une bourse LUE-DrEAM, qui lui permet d'être en séjour à Oxford, le lieu idéal pour travailler à sa recherche sur Elisabeth Anscombe et rencontrer des chercheurs qui l'ont connue. Nos félicitations pour toutes ces belles opportunités !

Signalons deux appels à contributions de la revue Philosophia Scientiae : L'origine de la géométrie d'Edmund Husserl à travers l'histoire et la philosophie des sciences, numéro 29/1, février 2025 (éditeurs invités : Andrea Ariotto, Baris Dirican, Davide Pilotto), et L’intuitionnisme entre philosophie, mathématique et logique : mutations et histoire longue, numéro 29/2, juin 2025 (éditeurs invités : Dominique Pradelle, Marwan Rashed, Mark van Atten). Les appels sont à retrouver sur le site de la revue sur OpenEdition.org.

Enfin, nous annonçons avec plaisir la tenue d'un nouveau séminaire, Histoire et philosophie des mathématiques de l’Antiquité à l’âge classique, dont la première séance portera sur "l’Analyse dans les mathématiques grecques". Ce séminaire est co-organisé par Sandra Bella (Archives Poincaré), Pascal Crozet (SPHère) Vincenzo De Risi (SPHère) et Angela Axworthy (Gerda Henkel Stiftung & MPIWG). Nous souhaitons beaucoup de succès à ce nouveau rendez-vous !

Séminaires et groupes de travail

  • Rencontres des AHP Strasbourg : mardi 12 septembre, à 17h30, Lou Weidenfeld (Institut Terre et Environnement de Strasbourg, ITES), Strasbourg, MISHA, salle Océanie, ou en ligne
  • Grandes conférences des Archives Poincaré : mercredi 27 septembre, à 18h, Peter Anstey (University of Sydney), "The Early Royal Society and the Critique by the Global South", Nancy, Campus LSHS, salle G04, ou en ligne [s'inscrire]
  • Séminaire de psychologie politique : lundi 2 octobre, à 18h, Andrew Feenberg (Simon Fraser University de Vancouver), "Herbert Marcuse & psychology behind fascism", en ligne [s'inscrire
  • Rencontres des AHP Strasbourg : mardi 10 octobre, à 17h30, Louise Bernard (Université de La Rochelle, CEREGE), "La pratique artistique comme mode de recherche pour imaginer une alternative future : le cas d'une communauté urbaine littorale", Strasbourg, MISHA, salle de la table ronde, ou en ligne [suivre]
  • Séminaire Histoire et philosophie des mathématiques de l’Antiquité à l’âge classique : vendredi 13 octobre, à 10h30, Gianluca Longa (Laboratoire PHIER, Université Clermont-Auvergne), "Quelques remarques sur l’utilisation des diagrammes dans la pratique ancienne de la méthode d’analyse et de synthèse", et Felix Zheng (Université de Budapest), titre à préciser, Nancy, site Libération, salle internationale (324).

Les vidéos des séminaires sont à retrouver ici : https://videos.ahp-numerique.fr/c/seminaires. Pour les Grandes conférences, c'est là : https://videos.ahp-numerique.fr/c/grandesconferences

Manifestations

  • Formalization in Logic, Language, and Mathematics Conference #2, dans le cadre de l’International Emerging Action (IEA CNRS) entre les Archives Poincaré et le département de logique et philosophie des sciences de l’Université de Californie - Irvine, 15-16 septembre, Nancy [en savoir plus]
  • Démesure ou sobriété ? Nouvelles approches de la conception moderne de la nature, 26-27 septembre 2023, Nancy [en savoir plus]
  • Explaining research misconduct: data, hypotheses, and methodological issues, 6-8 décembre 2023, Nancy [en savoir plus]
  • Journées OMEKA 2023, 12-13 décembre 2023, Paris [en savoir plus]
  • Qui veut la peau de Roger Pouivet ?, 27 mars 2024, Nancy

Et pour rappel : Mélodie Faury coordonne l'organisation de l'École d'automne internationale et francophone du RÉseau International UNIversités-Sociétés, associant six universités partenaires (Université du Québec à Montréal ; Université Gaston-Berger de Saint-Louis (Sénégal) ; Université de Lausanne ; Université de Strasbourg ; Université Lumière Lyon 2 et Université Rennes 2), qui se tiendra à Strasbourg du 24 au 26 octobre 2023 (en savoir plus : https://reiunis.sciencesconf.org/).

Vous pouvez comme toujours retrouver les vidéos de nos manifestations passées ici : https://videos.ahp-numerique.fr/c/colloques

Hors les murs

  • 4 septembre, Paul Clavier : "L'expérience kénotique selon Simone Weil", Colloque "Expérience et vérités", Genève
  • 6 septembre, Andrew Arana : "The geographicity of mathematics as a philosophical problem", 1st Conference of the European Society for the Philosophy of Mathematics, Kings College London
  • 8 septembre, Martina Schiavon : "Il Bureau des longitudes (1795-1932), un'accademia di scienze astronomiche aperta all'internazionale. Le cas des Italiens", Congrès de la Società Italiana di Storia della Fisica e dell'Astronomia
  • 8 septembre, Alexandre Hocquet : participation au colloque "Réplicabilité et reproductibilité de la recherche : enjeux et propositions", organisé par la MITI CNRS, Paris
  • 20-22 septembre, Pierre Willaime : participation au Omeka S developer Event, Ghent
  • 21 septembre, Stéphanie Debray : session chair du Meeting for PhD Students / Junior Scholars, and Student Representatives at EPSA23, 9th biennial meeting of the European Philosophy of Science Association, Belgrade
  • 22 septembre, Martina Schiavon et Cécile Fellag Ariouet : organisation du panel "Within the Market: On the Identity of Dealers in Scientific Instruments and the Nature of their Commodities" (avec Rossella Baldi et Sibylle Gluck), et conférence "The Hartmann comparator: a go-between artillery & sciences instrument", XLII Scientific Instrument Symposium, Palermo
  • 22 septembre, Valeriya Chasova : "From Empirical Symmetries To Unobservable Changes", 9th biennial meeting of the European Philosophy of Science Association (EPSA23), Belgrade
  • 27-29 septembre, Andrew Arana : "Hybrid objects in mathematics", Atelier Ontologie, Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), Abbaye d’Ardenne, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
  • 11-12 octobre, Julia Beauquel : "Qu'est-ce que danser juste ?", colloque "L'esthétique incarnée en contexte artistique : corps, cognition et danse", Université Grenoble Alpes

Grand public

Anna Zielinska a publié dans The Conversation un article intitulé "La notion de génocide : entre l'histoire, le droit et la politique". Ce texte revient sur l'origine du concept de génocide, et éclaire les débats autour de la signification et de la légitimité de son usage politique. Par ailleurs, vous pouvez retrouver Anna Zielinska et François Jaquet dans deux vidéos de vulgarisation métaéthique sur la chaîne YouTube de Yohann Hoarau : "La morale est-elle une invention ? La réponse des philosophes !" et "Peut-il y avoir un consensus en philo ?"

La Fête de la science approche ! Ce sera du 6 au 16 octobre. Notre laboratoire est impliqué dans plusieurs événements. À Strasbourg, le festival Parti Sciences, qui se tiendra à la MISHA du 6 au 12. À Nancy, une visite de Nancy à la poursuite de Henri Poincaré le samedi 7, et un café-philo autour du philosophe en sportif, en collaboration avec la MSH Lorraine (date et lieu à repréciser, sur le site de la Fête de la science).

Vient de paraître

Paul Souriau (réédition et préface de Roger Pouivet), La beauté rationnelle, Presses Universitaires de Rennes, collection Aeshetica, 2023. [présentation sur le site de l'éditeur]

« Je cherche ce qui est vraiment beau et digne d’être admiré », dit Paul Souriau au début de ce livre, paru initialement en 1904. En esthétique, le XXe siècle a pourtant privilégié le subjectivisme et le relativisme : la beauté ne serait que dans l’esprit de celui qui juge, rien ne serait beau en lui-même. Paul Souriau affirme, au contraire, la réalité de la beauté. Il prétend qu’elle peut être connue et appréciée, et qu’elle possède aussi une fonction morale. Il défend son réalisme esthétique dans une langue claire et même charmante. La philosophie française du début du XXe siècle recèle des perles philosophiques oubliées sur les rayons peu visités des bibliothèques. Cette réédition permet d’en redécouvrir l’une des plus pures.

La préface de Roger Pouivet est disponible en accès libre sur le site de l'éditeur

* * *

René Descartes (présentation et traduction par Paul Clavier et Denis Moreau), Discours de la méthode, édition bilingue, Paris : Dunod, 2023 [présentation sur le site de l'éditeur]

« Je pense, donc je suis. » tout le monde connaît la formule. Mais que signifie-t-elle exactement ? Elle invite chacun à trouver en soi-même le chemin de la science et de la liberté. C’est la formule phare du Discours de la méthode, un texte court, percutant et s’adressant à tous.

Descartes y élabore une philosophie pratique et tire de ses réflexions personnelles une méthode pour « bien conduire sa raison et marcher avec assurance en cette vie ». Au XVIIe siècle, c’est une révolution dont le ton et le propos sont aujourd’hui encore d’une actualité poignante.

Actuel et saisissant, certes, mais difficile d'accès, tant le français de Descartes a vieilli en quatre siècles. Pour cette raison, Denis Moreau et Paul Clavier proposent une traduction en français contemporain. Inédite, cette édition bilingue assure une lecture aisée du texte emblématique de la philosophie occidentale.

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Vincent Helfrich & Philippe Schäfer, La RSE en schémas - 2e édition, Paris : Ellipses, collection "La gestion en schémas", 2023 [présentation sur le site de l'éditeur]

L'objectif de la collection « La gestion en schémas » est de proposer des ouvrages facilitant la compréhension et la mémorisation des notions essentielles du cours. Chaque notion est ainsi envisagée selon deux approches juxtaposées :

  • la présentation du concept en page de gauche,
  • et sa schématisation en page de droite.

Très didactique, ce manuel de responsabilité sociale des entreprises (RSE) a été conçu à partir de trois choix méthodologiques :

  • la mise en avant de notions conceptuelles fondamentales relatives au développement durable et à la RSE,
  • une présentation des outils de gestion de la RSE,
  • une vision prospective sur les pistes d'avenir dans ce champ.

L'ouvrage est destiné :

  • aux étudiants d'écoles de commerce,
  • aux étudiants des Instituts d'administration des entreprises et des Universités,
  • aux professionnels.

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  • Andrew Arana & Will Stafford, "On the difficulty of discovering mathematical proofs", Synthese, 202(2), 2023, 1-29. https://doi.org/10.1007/s11229-023-04184-5
  • Eric Jacques, "Jean-Henri Hassenfratz, entre collaboration et compétition au laboratoire de l'Arsenal (1786-1792)", L'actualité chimique, N°486 (juillet-août), 2023, 46-50.
  • Victor Monnin, "The man who lived on hundred and fifty years. Review of Alison Bashford, The Huxleys: An Intimate History of Evolution", Metascience, July 2023.  https://doi.org/10.1007/s11016-023-00903-3 
  • Victor Monnin, "From Fossils to Pixels: Palaeontologists Playing and Streaming Digital Games. Interview with Jake Atterby and Caitlin Syme from the Palaeocast Gaming Network", Acta Ludologica, Vol. 6, Issue 1, 2023, 112-117. https://actaludologica.com/wp-content/uploads/2023/06/AL_2023-6-1_Interview_Atterby-Syme-Monnin.pdf
  • Olivier Ouzilou, "Rationalité et compréhension des croyances passées. Staline face à Barbarossa", Revue de métaphysique et de morale 2023/3, N° 119, 371-390. https://doi.org/10.3917/rmm.233.0371
  • Roger Pouivet, "Le réalisme esthétique de Paul Souriau", Nouvelle revue d'esthétique, 2023/1, n° 31. https://www.cairn.info/revue--2023-1-page-55.htm
  • Anne-Françoise Schmid, préface à Louis Vitalis et Natasha Shayaamor-Heil, Architecture et Sciences du Vivant, études critiques, Paris : Hermann, 2023.
  • Jean-Christophe Weber, "Say Hello to Black Jack! Un manga à mettre entre toutes les mains ?", in Victoire Feuillebois et Anthony Mangeon (dirs), Fictions pansantes ; bibliothérapies d’hier, d’aujourd’hui et d’ailleurs, Paris, Hermann, 2023, 243-258.

Zoom sur ... La Sylva sylvarum de Francis Bacon, objet de recherche de Claire Crignon

A l'occasion de la tenue à Nancy les 26 et 27 septembre 2023 du colloque "Démesure ou sobriété ? Nouvelles approches de la conception moderne de la nature", qu'elle organise, nous avons demandé à Claire Crignon, professeure au département de philosophie de Nancy, de nous parler de son projet de recherche sur Bacon.

Sylva sylvarum paraît de manière posthume en 1626, édité par le secrétaire de Francis Bacon, William Rawley, à partir de notes éparses. Cet ouvrage rédigé en anglais recense et décrit mille expériences portant sur des sujets aussi divers que la botanique, l’acoustique, la météorologie, la chimie, la magie naturelle, la médecine ou encore la force de l’imagination. Il est divisé en dix centuries qui présentent chacune cent expériences et observations empiriques. La question du statut du texte est très débattue dans la littérature secondaire. S’agit-il d’un livre de recettes, d’un manuel de l’expérimentaliste, ou d’une encyclopédie de la nature sur le modèle de l’Histoire naturelle de Pline (l’une des sources principales de Bacon dans la Sylva) ? On peut aussi se demander quel usage les lecteurs pouvaient faire de ce type de texte. Le sous-titre du livre nous indique qu’il s’agit d’une « histoire naturelle », dont Rawley nous dit dans la préface au lecteur qu’elle doit servir de fondement à l’établissement d’une « vraie philosophie », à l’inverse des histoires naturelles composées jusque-là, qui ne visaient que le divertissement et le plaisir des lecteurs. La lecture de Sylva n’a donc pas vocation à être récréative ; elle participe plutôt à l’établissement d’une forme de savoir de la nature, de la subtilité et de la complexité de ses opérations. On peut supposer, étant donné sa structure et le fait qu’il s’agit d’une liste d’expériences, que l’ouvrage n’était pas destiné à être lu de A à Z, mais plutôt consulté ponctuellement, sur des thèmes ou des types d’expériences qui intéressaient plus spécifiquement le lecteur. Sylva propose un réservoir d’exemples et de modèles d’expériences dans lequel chacun peut puiser, selon ses intérêts et ses besoins : Bacon y invite d’ailleurs souvent le lecteur à reproduire ou prolonger certaines des expériences qu’il décrit, parce qu’elles ont une utilité (par exemple, accélérer la germination) ou parce qu’elles produisent des effets « curieux ». Par les sujets qu’il aborde, sa réticence à citer explicitement ses sources, ou encore à recourir au latin (il s’agit d’un des rares textes de Bacon écrit en anglais), l’ouvrage ne semble pas s’adresser en priorité aux savants, mais à un public plus large d’amateurs intéressés par la connaissance de la nature et la promotion des sciences. Étant donné que Sylva sylvarum était presque toujours publié avec La Nouvelle Atlantide au dix-septième siècle, on peut aussi penser que les expériences décrites dans cette histoire naturelle sont celles pratiquées dans la Maison de Salomon. Bacon met ici en œuvre une forme de savoir collaborative dans laquelle les expériences et les observations décrites renvoient au savoir légué par les Anciens et où il est aussi largement fait appel à des formes profanes de savoirs, qu’elles renvoient à des pratiques populaires observées dans les campagnes en Angleterre ou ailleurs, ou à des formes de savoirs dits « indigènes », rapportés par des voyageurs et des explorateurs partis à la conquête du Nouveau Monde.

Le projet que je mène sur ce texte comprend une importante activité de traduction et d’édition du texte. La Sylva était certainement l’un des textes de Bacon les plus populaires au 17e siècle, et pourtant il est aujourd’hui beaucoup moins connu que la Nouvelle Atlantide. Il n’a pas fait l’objet de traduction scientifique au sens moderne du terme. Il existe une traduction réalisée par Pierre Amboise au 17e siècle (Histoire naturelle de Mre François Bacon, Baron de Verulam, A Paris, chez Antoine de Sommaville & Andre Subron, 1681), mais qui consiste plutôt en une réorganisation et une réécriture de ce texte qui déconcerte par son absence apparente d’ordre et de méthode. Au 19e siècle, Antoine Lassalle traduit l’ensemble de l’œuvre du Chancelier anglais, mais là encore sa traduction de la Sylva, bien qu’exacte, dévie souvent de la lettre du texte et y ajoute beaucoup de commentaires et d’observations personnelles. Ce travail repose sur une collaboration avec deux collègues anglicistes, spécialistes de l’histoire de la philosophie britannique moderne (S. Parageau) et de la traduction (S. Kleiman qui vient de réaliser un important travail autour du traducteur Antoine Lassale). Nous traduisons chacune de notre côté, puis nous relisons tout ensemble. Il nous reste à réaliser un important travail d’édition et d’annotation du texte. La Sylva transmet en effet beaucoup de sources en histoire naturelle et en philosophie naturelle, issues de la période antique, médiévale ou renaissante, mais souvent sans citer les noms ni les oeuvres des auteurs concernés. Nous nous appuyons sur l’important travail réalisé par l’équipe de traductrices roumaines, dirigée par Dana Jalobeanu, mais aussi sur les liens construits avec la communauté de chercheurs qui au niveau international a contribué à la redécouverte du corpus baconien et en particulier de celui de ses histoires naturelles. Guido Giglioni (Université de Macerata, Italie) ou encore Dan Garber (Princeton University).

La lecture de ce texte permet de remettre en question l’idée qui s’est longtemps imposée au sujet de Bacon : celle d’un projet de maîtrise sans frein de la nature, qui passe par le recours à une certaine violence. En réalité ce que Bacon appelle de ses vœux, c’est une enquête sobre, prudente, qui ne permet pas nécessairement de pratiquer l’indication des causes, mais qui doit permettre de mieux cerner la complexité des phénomènes et l’importance des relations qui existent entre les hommes, les végétaux, les animaux, les minéraux ou encore les éléments naturels. La lecture de ce texte révèle par ailleurs l’existence d’une véritable poétique de la nature dans l’œuvre du Chancelier. Tout lecteur de cet ouvrage est invité à reproduire et à prolonger les expériences qui y sont décrites en participant ainsi à l’effort collaboratif qui seul doit permettre à la connaissance de surmonter les obstacles, les biais et les préjugés qui viennent freiner ce que Bacon nomme son « avancement ».

 

 

 

Prochaine lettre en octobre 2023 -- Vous pouvez également vous inscrire à notre liste de diffusion

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