Des Sciences, des Frontières

Ce colloque voudrait proposer une réflexion sur la pertinence de la notion de frontière en histoire et sociologie des sciences. Nous envisagerons les frontières dans le sens le plus large qui soit : frontières entre les disciplines, entre science et non-science, frontières démarquant différentes approches au sein d’une discipline, frontières entre pratique scientifique et résultat scientifique, frontières nationales, etc. Le premier objectif de ce colloque serait d’analyser le travail qui se fait, en sciences, à la frontière : il s’agira de comprendre comment les frontières se construisent, comment les liens se tissent entre les domaines qu’elles démarquent, d’étudier les passages et les modalités de communication et de coopération au travers des frontières. Un second objectif, plus général, vise à faire le point et mieux comprendre le sens des frontières, leur généalogie, leur rôles et effets. Nous nous intéresserons en particulier aux processus d’interprétation, de standardisation et de validation et aux enjeux sociaux et épistémologiques qui structurent les frontières d’un domaine scientifique. Que l’on se place dans une perspective anthropologique, épistémologique, historique ou sociologique, les frontières disciplinaires apparaissent mouvantes, floues et en constante évolution. Le degré de mouvance de ces frontières et les négociations dont elles font l’objet (entre domaines, à l’intérieur même d’une communauté, entre ce qui est légitime et non, ce qui est scientifique et non) ouvre la réflexion selon trois perspectives: La frontière considérée comme constituante d’un collectif, comme garantie de la validité d’une démarche et d’un savoir constitué à travers la maîtrise de concepts, méthodes, instruments, et l’institutionnalisation de pratiques, mais également comme moyen de démarcation face à de nouvelles approches qui questionnent les frontières établies. La frontière comme dispositif instituant une partition entre ce qui est considéré comme science et ce qui est de l’ordre du savoir profane, entre culture des humanités et culture technique et scientifique. La frontière comme siège d’enjeux scientifiques, économiques, de société, politiques. Comment les acteurs établissent une distinction entre ces niveaux d’analyse et articulent ainsi des problématiques hétérogènes ? Une telle réflexion pourrait également être l’occasion de mettre en œuvre la complémentarité des diverses approches : entre les analyses diachroniques, à la fois historiques et institutionnelles, et les approches synchroniques, sociologiques ou anthropologiques. Le thème choisi par ce colloque permet d’envisager ainsi une réflexion à plus long terme sur les frontières en convoquant d’autres situations, d’autres groupes humains, d’autres formes de rapports, et en les analysant du point de vue notamment de la sociologie, des sciences politiques, de l’histoire, de la communication. Le colloque pourrait ainsi déboucher d’une part sur la tenue d’une école d’été en 2002 et d’autre part sur la création d’un réseau de réflexion et de séminaires thématiques. Thèmes qui seront développés : l’organisation et la représentation de la science en France et en Allemagne au 19e siècle les communautés scientifiques (approche historique et ethnographique) la structuration de champs scientifiques à travers la production de textes et de standards nouveaux domaines (sciences cognitives, OGM, génie génétique, …) sciences/non sciences : représentations sociales de la science la transdisciplinarité en question : emprunts, légitimités, méthodes, instruments