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Epistémologie comparée de l’expérimentation dans les sciences de la nature et dans les sciences humaines et sociales

Mercredi 19 décembre 2018 - 11:00 - 18:15
Strasbourg, MISHA, salle de conférences
Argumentaire: 

Sans constituer à proprement parler un point aveugle des études sur la science (philosophie, histoire et sociologie des sciences), il faut bien reconnaître que la question de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales n’a pas été, à ce jour, le point focal de multiples investigations entreprises par des collectifs de chercheurs. Quel est, en effet, à l’heure actuelle, l’avancement des travaux en ce qui concerne la réflexion sur l’expérimentation ? La contribution des philosophes tout au long du XXe siècle a été importante : durant la première moitié de ce siècle, l’expérimentation s’est vue conférer une fonction épistémologique centrale. Elle a été conçue à la fois comme une norme de scientificité et comme un idéal méthodologique, sinon toujours atteint, du moins souhaitable. La place prépondérante accordée à l’expérimentation, ainsi qu’à l’observation, par les positivistes logiques et par Popper, dans les processus de vérification ou de corroboration-réfutation des hypothèses n’a pas incité pourtant ces philosophes à développer une réflexion approfondie sur les pratiques expérimentales effectives. Deux étapes peuvent très schématiquement être distinguées, au cours desquelles la place de l’expérimentation dans la recherche en philosophie des sciences va être redéfinie. La première a pris la forme de ce que l’on a appelé le « tournant historique », initié par l’ouvrage de Thomas S. Kuhn (Kuhn, 1962/1972) qui recommande l’abandon de la méthodologie normative au profit de l’étude des communautés de scientifiques et des paradigmes au sein desquels ceux-ci développent leurs recherches. Dans les années 1980, le « tournant pratique », auquel, dans un premier temps, Ian Hacking a largement contribué, a permis de préciser au travers de nombreuses études de cas, en quel sens on peut considérer que « l’expérience a sa vie propre » (Hacking, 1983/1989). Mais ces recherches se sont limitées pour l’instant, et sauf exception, aux sciences de la nature. Ce qu’il en est de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales, a été jusqu’à présent, largement négligé et c’est à cet état de fait que nous souhaiterions remédier au travers de notre projet de recherche.

Le projet que nous formons est donc celui d’une étude comparative de l’expérimentation telle qu’elle apparaît dans les sciences de la nature et dans les sciences humaines et sociales.

Programme: 

11h-12h : Léna Soler, Université de Lorraine, AHP-PReST (UMR 7117), Cerner la nature de l'expérimentation dans les sciences: quelques propositions méthodologiques et thématiques

12h-14h : Repas

14h-15h :  Valérie Dufour, CNRS, IPHC (UMR 7178), Faire du troc ou non : quelles capacités cognitives et comment on les étudie chez l'animal

15h-16h : Sacha Bourgeois- Gironde, Université Paris II/ Ecole Normale Supérieure, (LEMMA EA 4442), Institut Jean Nicod, Le comportement de décision des macaques dans l'incertain / Questions autour d'un montage expérimental.

16h-16h15 : Pause

16h15-17h15 : Jacques Reis, Université de Strasbourg, Hasard et opportunité : la découverte du rat épileptique de Strasbourg.

17h15-18h15 : Gaëlle Le Dref, Université de Strasbourg, AHP-PReST (UMR 7117),  Enjeux et difficultés de l'expérimentation pour les sciences de l'évolution

(La salle étant équipée pour la visioconférence, une participation à distance est possible)

Manifestation organisée par Catherine Allamel-Raffin, avec le soutien de la MISHA.