Sans aucun doute, à l’époque considérée, la pensée de Leibniz a joué un rôle central dans beaucoup de contributions aux fondements des sciences exactes (y compris les mathématiques), à la logique et à la philosophie des sciences. Il suffit de mentionner les auteurs suivants : Georg Cantor, Ernst Cassirer, Louis Couturat, Albert Einstein, Gottlob Frege, Kurt Gödel, H. G. Grassmann, Edmund Husserl, Giuseppe Peano, Henri Poincaré, Hans Reichenbach, Abraham Robinson, Bertrand Russell et Hermann Weyl (la liste n’est pas exhaustive, bien évidemment). Le grand esprit universel qu’était Leibniz n’a jamais cessé de revenir, dans sa réflexion, sur quelques concepts, problèmes et idées qui ont plus tard occupé les scientifiques aussi bien que les philosophes : le nombre, l’identité, l’espace, le continu, l’infini, l’infiniment petit, les projets d’une langue universelle, d’une analysis situs, d’une caractéristique, d’un calcul de raisonnement (« calculemus »)… En fait, cette influence leibnizienne sur le développement de pensées plus récentes – et ainsi, en dernière analyse, sur notre science actuelle – a probablement été si grande et multiple qu’on n’a pas encore réussi à l’étudier aussi profondément qu’elle le mérite – bien que la littérature secondaire sur l’œuvre de Leibniz (dont une certaine partie porte déjà en premier lieu sur la réception de cette œuvre) soit vaste.
Avec la manifestation que nous proposons, nous essayons d’articuler la recherche sur Leibniz d’une part et les recherches portant sur l’histoire des sciences et de la philosophie de l’époque 1850-1950 (qui sont la principale préoccupation des membres du LPHS) d’autre part. Notre but est double :
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d’une part, reconstruire en détail la manière dont les auteurs mentionnés ont reçu la pensée de Leibniz et se sont appuyés sur elle ;
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d’autre part, critiquer cette réception, plus particulièrement la confronter avec les résultats actuels de la recherche sur Leibniz, liés notamment aux progrès faits dans l’édition de son œuvre.
Il est clair que les résultats de cette double-approche peuvent être utiles pour chacun des deux domaines de recherche. Or, cela ne peut se faire que par un dialogue entre les différents experts.
Nous envisageons également de publier les actes de ce colloque qui, idéalement, pourraient avoir la forme d’un manuel offrant des articles à structure uniforme sur les différents auteurs suivi d’une bibliographie commune et d’indexes. Il s’agira donc d’un véritable travail de recherche collectif dont le colloque ne sera que la condition nécessaire tandis que l’ouvrage collectif est censé offrir à la communauté scientifique un outil de recherche utile et fécond.
Jeudi 3 avril
Matin - Présidence de session : à confirmer
09h45 café d’accueil
10h10 ouverture : Roger POUIVET, Université Nancy 2, Directeur des Archives Poincaré
10h20 Vladimir A. ABASCHNIK, Université de Charkov
« Leibniz in der Philosophie Russlands und der Ukraine um 1900 » [résumé]
11h30 Philippe NABONNAND, Université Nancy 2
« Quelques traces leibniziennes chez les géomètres français du début du 19ème siècle » [résumé]
12h40 pause repas
Après-midi - Présidence de session : Gerhard Heinzmann
14h00 Volker PECKHAUS, Universität Paderborn
« The Reception of Leibniz' Logic in 19th Century German Philosophy » [résumé]
15h10 Erika LUCIANO, Università di Torino
« Peano and his School between Leibniz and Couturat: the influence in the field of mathematics and international language » [résumé]
16h20 pause café
16h40 Ulrich MAJER, Universität Hannover
« Frege's reception of Leibniz' characteristica universalis and his idea of a Begriffsschrift (concept-script) » [résumé]
20h00 restaurant
Matin - Présidence de session : Scott Walter
09h00 Philippe SEGUIN, Nancy
« L'idée de nombre de Gauss à Cantor: l'héritage leibnizien et son dépassement » [résumé]
10h10 pause café
10h30 Françoise WILLMANN, Université Nancy 2
« Le regard d'un néokantien de la fin du 19e siècle: Kurd Lasswitz et la métaphysique de Leibniz en tant qu'obstacle épistémologique à la mathématisation de la nature » [résumé]
12h00 pause repas (Pizzeria Monbois)
Après-midi - Présidence de session : Michel Fichant
14h00 Anne Françoise SCHMID, INSA, Lyon
« La réception de Leibniz par Louis Couturat / The reading of Leibniz by Couturat » [résumé]
15h10 David RABOUIN, REHSEIS, CNRS, Paris
« Lectures de la mathesis universalis de Leibniz au début du 20e siècle » [résumé]
16h20 pause café
16h40 Vincenzo DE RISI, Scuola Normale Superiore, Pisa
« Time and Motion in Leibniz's Metaphysics: the debate between Hans Reichenbach and Dietrich Mahnke » [résumé]
18h30 Michel FICHANT, Université Paris IV
« Leibniz en France »
(conférence grand-public au Goethe Institut Nancy, rue de la Ravinelle, suivie d’un cocktail)
Matin - Présidence de session : Volker Peckhaus
09h00 Jean SEIDENGART, Université Paris X Nanterre
« Cassirer, lecteur, éditeur et interprète de la philosophie de Leibniz » [résumé]
10h10 pause café
10h20 Herbert BREGER, Leibniz-Archiv Hannover
« Chaitin, Leibniz und die Komplexität » [résumé]
11h30 Erhard SCHOLZ, Universität Wuppertal
« Leibnizian traces in Hermann Weyl's mathematical, physical and philosophical work »
12h40 pause repas
Après-midi - Présidence de session : Christophe Bouriau
13h40 Gabriella CROCCO, Université Aix-Marseille I
« Gödel et Leibniz » [résumé]
14h50 Michel FICHANT, Université Paris IV
« L'édition de Leibniz et l'horizon de sa réception »
16h00 discussion générale
16h30 café de clôture
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Vladimir A. ABASCHNIK - « Leibniz in der Philosophie Russlands und der Ukraine um 1900 »
The Leibniz' influence on philosophy in Russia and Ukraine from the end of the 19th until the beginning of the 20th century will be presented in three parts. The first part will be characterized by the general Leibniz reception at the Russian Imperial Universities and at the Orthodox Academies (Moscow, Saint Petersburg, Kazan, Odessa, Dorpat, Kiev, Kharkov) during this period. The second part will be focused on the role of Leibniz' ideas for the logical conceptions of Platon Poretzky, Pavel Leykfeld, Vladimir Karinskij, Ivan Orlov, Nikolay Vasilyev, Ivan Jagodinsky and other authors. The specifics of digestion of Leibniz ideas in the philosophy of science in Russia, Ukraine and the Soviet Union until 1940 will be introduced in the third part. The Leibniz reception in the Russian and Ukrainian scientific societies will be described also, for example in the Moscow philosophical-mathematical school (Nikolay Bugaev, Vissarion Alekseev, Pavel Nekrasov), in the Kharkov mathematical society (Vasiliy Imshenecky, Alexander Lyapunov, Vladimir Steklov) and in the Kiev mathematical school (Mikhailo Kravchuk).
- Philippe NABONNAND - « Quelques traces leibniziennes chez les géomètres français du début du 19ème siècle »
Dans sa lettre à Huyghens du 18 septembre 1679, Leibniz annonce la découverte d'une « nouvelle charactéristique » tout à fait différente de l'Algèbre et qui aura des grands avantages pour représenter à l'esprit exactement et au naturel quoique sans figures tout ce qui dépend de l'imagination ». Les géomètres français de la première moitié du 19ème siècle rencontrent les mêmes difficultés vis à vis de la géométrie analytique et en tentant de les résoudre, poursuivent en un certain sens, la discussion initiée par Leibniz. Le développement de méthodes qui rendraient la géométrie pure autonome par rapport à l'algèbre, la revendication de généralité des problèmes, des méthodes et des résultats se traduisent par un certain effacement de la figure. En quoi la pratique des géomètres (français) du début du 19ème siècle (qui citent Leibniz parmi leurs inspirateurs) est-elle redevable du projet leibnizien ?
Although there is good evidence that modern mathematical logic was created in the second half of the 19th century independently of Leibnizian anticipations, it became quite early a commonplace for the proponents of the new logic that many of their ideas had been ingeniously anticipated by Leibniz. The sources of these insights were important publications in German philosophy. The central role of Johann Eduard Erdmann's edition of Leibniz's philosophical works (1839/40) and Adolf Trendelenburg's paper on Leibniz's sketch of a general characteristic are stressed (1856). These works conveyed Leibniz's considerations on logical calculi and his ideas about semiotics.
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Erika LUCIANO - « Peano and his School between Leibniz and Couturat: the influence in the field of mathematics and international language »
Frequent citations of Leibniz in the fields of Logic, Geometry, Analysis, Arithmetic and Linguistics, and numerous studies on the German philosopher and mathematician developed by Giovanni Vacca (1872-1953) and Giovanni Vailati (1863-1909) demonstrate that Peano and some members of his School consciously considered Leibniz as a distinguished predecessor and source of inspiration in various areas. The corpus of citations is effectively organised around a unique conceptual axis, which can be identified in the semantic link between sign, algorithm and language.
In this talk, we will first analyze the sources and the secondary literature consulted by Peano during his studies on Leibniz, which it is possible to reconstruct today thanks to the recent discovery of his original Library.
Next, we will examine the second edition of the Formulaire de mathématiques (1898-1899), where for the first time Excerpta of Leibniz’s manuscripts on Logic and Arithmetic were published, considering Peano’s Marginalia and the Additions et corrections due to his team of collaborators.
Finally, we will describe the reception in Italy of the contributions to the Leibnizian studies by G. Vacca, G. Vailati, A. Natucci and L. Couturat, members of Peano’s School, on the basis of their correspondence and of contemporary Italian periodicals.
The historical questions that we aim to focus on can be schematized as follow:
- If and how the Formulario can be considered a basic source in Leibnizian literature;
- In what measure the publication of the Formulario contributed to the so-called Leibniz Renaissance in Italy, within the “circle" of mathematicians and historians of mathematics;
- What historical, philosophical and philological approaches shape the contributions of Vacca and Vailati on Leibniz;
- What editorial policy (if there was one) was pursued in Peano’s Rivista di Matematica (1891-1906) as regards the promotion in Italy of Couturat’s research on Leibniz.
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Ulrich MAJER - « Frege's reception of Leibniz' characteristica universalis and his idea of a Begriffsschrift (concept-script) »
In reaction to a critical review of his booklet “Begriffsschrift? Frege distinguishes his own point of view from “Booles rechnende[r] Logik? by the remark:
Ich wollte nicht eine abstracte Logik in Formeln darstellen, sondern einen Inhalt durch geschriebene Zeichen in genauerer und übersichtlicherer Weise zum Ausdruck bringen, als es durch Worte möglich ist. Ich wollte in der Tat nicht einen bloßen „calculus ratiotinator“, sondern eine „lingua characterica“ im leibnizischen Sinne schaffen, ....
In my talk I’ll inquire three questions: (1) Is Frege’s reference to Leibniz justified? In other words, does Frege make the same distinction as Leibniz, if he distinguishes between a calculus ratiocinator and a lingua characterica and links his concept-script to the latter. The answer to this question presupposes the answering of 2 other questions: (a) What, exactly, does Frege mean by an ‘abstract logic’ in distinction to a ‘content’? (b) What was the idea behind Leibniz’s distinction of a calculus from a characteristica universalis’? After a preliminary clarification of these questions I’ll come to the third, and at the same time most difficult question: (3) What was Frege’s aim in his conceptscript? Was it really a characteristica universalis or was it primarily a logical calculus, contrary to what Frege suggests in the quote? This question has no definitive answer because, as I’ll show, Frege changed his mind in this respect. In the beginning he was closer to the idea of a universal characteristic, later he preferred the idea of pure logic for the foundation of arithmetic. But we know this program did not work. Therefore the last question will be: Is the distinction perhaps chimerical? Do we not need both: a universal characteristic and a logical calculus, i.e. a both comprehending proof-theory?
Les mathématiques allemandes connurent au 19ème siècle un phénomène qui peut nous paraître aujourd'hui surprenant: la notion de nombre fut parée d'un prestige tel qu'elle devint plus qu'un simple concept, et certains mathématiciens allemands en firent ce que j'appellerai une "idée". Derrière cette élévation, cet anoblissement, se cache la présence multiple et diffuse de la pensée philosophique de Leibniz, notamment à travers une discipline qui fut la grande science allemande, à partir de 1750 et jusqu'à la fin du 19ème siècle: la philologie. Celle-ci se considérait elle-même comme la science de l'esprit humain. Mais l'héritage de Leibniz fut également recueilli et dépassé par le formidable élan de l'idéalisme allemand, qui n'est pas étranger à la conception du nombre non comme simple définition, mais comme véritable création de l'esprit.
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Françoise WILLMANN - « Le regard d'un néokantien de la fin du 19e siècle: Kurd Lasswitz et la métaphysique de Leibniz en tant qu'obstacle épistémologique à la mathématisation de la nature »
Kurd Lasswitz (1848-1910) est l'auteur d'une histoire de l'atomisme (Geschichte der Atomistik vom Mittelalter bis Newton), parue en 1890 (encore rééditée en 1984), à laquelle la pensée criticiste sert de fil conducteur. Il s'agit pour Lasswitz de retracer, dans le dédale des innombrables théories atomistiques, et en étant attentif aux différents intérêts qui les motivent, le long cheminement vers la conquête des "outils de pensée" qui permirent d'accéder à la science moderne. Partisan d'un atomisme cinétique, Lasswitz s'attache à montrer que le perfectionnement de la théorie corpusculaire fut atteint avec Huygens. Le passage à une théorie de la matière dynamique, tel qu'on le trouve chez Leibniz, est pour lui une régression. Il y voit la persistance de deux obstacles épistémologiques majeurs, les représentations anthropomorphiques d'une part, l'intérêt métaphysique et théologique d'autre part, qui empêchèrent selon lui Leibniz de tirer tout le parti des outils mathématiques dont il disposait pourtant.
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Anne Françoise SCHMID - « La réception de Leibniz par Louis Couturat / The reading of Leibniz by Couturat »
On sait que Couturat a écrit l’un des trois ouvrages fondamentaux sur Leibniz au début du XXème siècle (Alcan, 1901) et qu’il a été également à Hanovre pour copier des inédits qu’il a édités en article (RMM 1902) et en volume (RMM 1902). Mais Leibniz traverse toute l’œuvre de Couturat, de L’infini mathématique (1896), à ses travaux sur la logique et la Langue Internationale. Il a trouvé en Leibniz un précurseur des idées contemporaines et c’est en défenseur des logiciens de son temps que Couturat fait une présentation historique du système leibnizien.
Leibniz lui permettra de se retourner contre Kant et l’horizon kantien français, opposé à la « logistique ». Mais il aborde Leibniz en caractérisant ce qui, selon lui, fait le nerf de sa doctrine, le principe de raison, en des termes empruntés à Kant : « Toute vérité est analytique ». Il met les vérités nécessaires et les vérités contingentes sur le même plan. Il interprète Leibniz dans un contexte philosophique marqué par sa lecture plutôt algébrique de la logique, de son « horreur » de la scolastique, de sa lutte contre le nominalisme et de sa critique du « travers symboliste » des mathématiciens.
Le drame de Couturat, c’est que son ouvrage, qui a été beaucoup lu, et été à juste titre très apprécié pour sa science, son amplitude, sa précision, et l’apport de documents inédits, n’a en général pas été suivi dans sa thèse fondamentale. Si bien que son ouvrage, qui était pour lui une ouverture sur les travaux logiques et mathématiques contemporains, devenait un ouvrage d’histoire de la philosophie. La publication des opuscules se présente du coup comme une défense de son interprétation.
Nous allons suivre les conséquences de ce double enjeu, logique et historique, de la lecture de Leibniz, en nous appuyant particulièrement sur sa correspondance avec Bertrand Russell.
What we know of Couturat is that he wrote one of the three fundamental studies on Leibniz at the beginning of 20th century (Alcan, 1901) and that he also went to Hanover to copy his unpublished works which he than edited in article (RMM 1902) and in volume (Alcan, 1903).
However, Leibniz is present in the entire work of Couturat, from De l’infini mathématique (1896) to his works on logic and International Language. He found in Leibniz a precursor of the contemporary ideas and considering himself as an advocate of new theories in logics and mathematics, he makes a historic presentation of Leibnizian system.
Leibniz will allow Couturat to turn against Kant and the French Kantian horizon as opposed to "logistic" position. But he reads Leibniz by characterising, what is, according to him, the clue of his doctrine, the principle of reason in Kantian terms: "All truth is analytic". He puts the necessary truths and the contingent truths on the same plan. He interprets Leibniz in the philosophical context marked by his rather algebraic lecture of logic, his "horror" of scholastic, his battle against nominalism and his criticism of mysterious virtue of mathematical symbolism.
The drama of Couturat is that his work which was largely read and appreciated for its science, its amplitude, precision, and the contribution of the unpublished documents, was not generally followed in the fundamental thesis. Thus, his oeuvre, which was for him an opening on the contemporary logical and mathematical studies, became a work of history of the philosophy.
Dans sa thèse de 1922, publiée en 1925 dans le Jahrbuch für Philosophie und Phänomenologische Forschungen sous le titre Leibnizens Synthese von Universalmathematik und Individualmetaphysik, Dietrich Mahnke proposa un magistral panorama des interprétations de Leibniz de son temps. Comme l’indique le titre de cet ouvrage, ces interprétations se caractérisaient pour Mahnke par une tension entre deux projets, celui d’une « mathématique universelle » et celui d’une « métaphysique de l’individuation ». C’est dire l’importance que tint le projet de mathesis universalis dans les interprétations de Leibniz à la fin du XIXème et au début du XXème s. A l’intérieur de cet ensemble, Mahnke distinguait une opposition centrale entre interprétations « logicistes » (B. Russell, L. Couturat) et une tendance anti-logiciste caractérisée par l’attention au rôle de l’invention du calcul différentiel, et donc à l’articulation des mathématiques aux sciences de la nature (E. Cassirer, L. Brunschvicg). On tentera de réexaminer ces interprétations en déployant les enjeux de ces oppositions. Mais il s’agira également de confronter ces lectures aux projets originaux de Leibniz, mieux connus aujourd’hui. Nous verrons ainsi que ces conflits nous renseignent plus sur les tentatives de récupération de Leibniz, et plus généralement sur la manière dont la fin du XIXème s. entend se situer par rapport à l’héritage supposé du « rationalisme classique », que sur les enjeux propres à l’entreprise leibnizienne.
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Vincenzo DE RISI - « Time and Motion in Leibniz's Metaphysics: the debate between Hans Reichenbach and Dietrich Mahnke »
In the 1924 issue of Kantstudien, Hans Reichenbach published an article about Leibniz’s theory of motion which was aimed at presenting Leibniz as a forerunner of Einstein’s Theory of Relativity. In the following months, Reichenbach had an exchange with Husserl’s disciple Dietrich Mahnke (who had published a number of books and articles on Leibniz in the 10s and the 20s) about the views stated in his 1924 paper. The main issues treated in the still unpublished Reichenbach-Mahnke Correspondence are Leibniz’s so-called causal theory of time and his quarrel with Newton on the relativity of motion and space. Reichenbach’s reading of Leibniz’s texts is strongly influenced by his own physicalistic and logicistic views, while Mahnke’s Leibniz verges towards pure phenomenology. The comparison and contrast between these two radically opposite interpretations, which intertwine with the first philosophical reactions to Einstein’s theory, shed light both on Leibniz’s peculiar way to address the problems of time and motion and on some aspects of the neo-empiricist and phenomenological ways of thinking. In this discussion of Leibniz’s theory we can also appreciate the arguments that pushed Reichenbach away from the neo-kantianism of his young years towards a perfected empiricist position, as well as those that eventually prompted Husserl to disown Mahnke’s phenomenological enterprise.
Louis Couturat a critiqué la présentation que Cassirer a donnée de la philosophie de Leibniz en laissant entendre que le disciple de Hermann Cohen voulait faire de Leibniz une sorte de « pré-kantien ». Le philosophe français ne pouvait pas encore avoir une idée claire du projet philosophique de Cassirer à l’époque où il rédigea son compte-rendu. Notre contribution s’efforcera de montrer que Cassirer a plutôt cherché à corriger et à rectifier le kantisme à l’aide de philosophèmes leibniziens. Il a même puisé tant d’éléments fondamentaux dans la théorie leibnizienne de la connaissance pour édifier sa propre philosophie — y compris La philosophie des formes symboliques — que l’on peut considérer le néo-kantisme de Cassirer comme un retour en force de la pensée leib-nizienne dans le champ de la philosophie des sciences, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Notre investigation ne traitera donc pas Cassirer comme un simple historien, mais comme un philosophe à part entière dans sa réception de la philosophie de Leibniz.
Gregory Chaitin (born in 1947) as well as A. Kolmogorov proved some interesting theorems in the mathematical theory of automata. Chaitin developed ideas from Gödel (incompleteness theorem) and Turing (halting problem) in a different direction. Chaitin defined a real number Ω, the halting probability. The bits of Ω are logically irreducible; they cannot be deduced from axioms simpler than they are. Later Chaitin declared (evidently rhetorically) that he had been anticipated by Leibniz; Leibniz's distinction between “simple law" and “complicated law" (and not the distinction between “law" and “without any law") was the crucial idea. Chaitin took this as a starting point for his interest in Leibniz. In his general philosophical ideas Chaitin considers the computer as a paradigm for mathematics (just as 17th century mathematics took mechanism as a paradigm). Referring to the computer, Chaitin defines complexity as a mathematical notion. According to him, mathematics is a highway amidst a jungle; mathematicians should accept new axioms in order to be able to leave the highway. Chaitin's ideas which can easily be combined with Lakatos's quasi-empiricism have been integrated by others in a "digital philosophy`` for mathematics and natural sciences.
The only published work in which Gödel explicitly mentions Leibniz’s work is « Russell’s mathematical logic » edited in 1944 by Shilpp for the Library of Living Philosophers.
We will first present briefly all other available evidences (including the published and unpublished material of the Gödel’s archives and the transcriptions of Gödel’s conversations with Hao Wang in the 70s) which prove the deep influence of Leibniz on Gödel’s philosophical reflections and in its scientific work.
We will then show how, on the basis of the unpublished material, the intricate structure of the Russell’s paper reveals a very clear and Leibnizian conception of the nature of logic and of the problems to be solved in order to achieve, in modern terms, Leibniz’s program of the Characteristica.
Colloque international organisé par le LHSP-Archives Poincaré, UMR7117 CNRS / Nancy Université, avec le soutien de :
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Institut Universitaire de France
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Communauté Urbaine du Grand Nancy
- Conseil Général de Meurthe -et-Moselle
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Goethe Institut de Nancy
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Université Nancy 2
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Département de Philosophie de l’Université Nancy 2
Comité scientifique
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Herbert Breger, Leibniz-Archiv Hannover
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Hélène Bouchilloux, Université Nancy 2
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Michel Fichant, Université de Paris-Sorbonne (Paris 4)
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Martine de Gaudemar, Membre de l'Institut Universitaire de France et Université Paris 10
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Gerhard Heinzmann, Université Nancy 2
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Ralf Krömer, CNRS/Nancy