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Lebenswelt et logique : l’Ecole d’Erlangen comme héritière de l’empirisme logique

Jeudi 13 novembre 2008 - 09:00 - Vendredi 14 novembre 2008 - 18:00
Nancy - France
Argumentaire: 

 

La tradition de la « philosophie scientifique » de langue allemande a vu naître deux courants épistémologiques au siècle dernier, nommément celui, bien connu, de l’empirisme logique et celui de l’École d’Erlangen. Tous deux ont articulé une analyse logique du discours scientifique et proposé une reconstruction des termes théoriques de la science à partir de données non théoriques. Tous deux ont aussi pris leurs distances vis-à-vis de l’idéalisme allemand et de la tradition métaphysique allemande, comme en témoigne le rejet draconien de la philosophie d’Heidegger (Carnap, Dingler, Lorenzen). La publication, au début des années cinquante, des fameux « Deux dogmes de l’empirisme », a-t-on cru, sonnait le glas de l’empirisme logique. Or, de récentes études sur l’empirisme logique incitent à nuancer ce constat d’échec (Friedman, Wagner) et ce colloque s’inscrit justement dans la lignée de ces travaux récents (aussi bien selon une perspective philosophique (Haller, Stadler, Reck, Richardson, Uebel) que selon une perspective plus logique (Goldfarb, Mancosu, Awodey)). En effet, l’analyse logique de la science telle que formulée par l’empirisme logique apparaît aujourd’hui beaucoup plus complexe et riche que ne le laissait entendre, dans le contexte de la philosophie analytique de la science, la critique, acceptée à une époque comme définitive, de Quine. Le thème du colloque est motivé par le constat qu’une partie de ce qui a été mis à jour dans ces nouvelles études sur l’empirisme logique était déjà prévue dans le programme de l’École d’Erlangen. De là l’intérêt d’évaluer les ressemblances et les dissemblances de ces deux courants, non seulement en regard de la critique de Quine et Putnam, mais aussi en ce qui a trait à la réceptivité, post-quinienne cette fois-ci, de l’empirisme logique par l’École d’Erlangen. Cette étude comparative permettra de jeter quelques lumières sur le fait, apparemment surprenant, qu’une quinzaine d’années après le fameux texte de Quine, l’École d’Erlangen, fondée par Lorenzen et Kamlah, se soit proposé explicitement de produire aussi bien une analyse logique de la science, une logique de la science ainsi qu’une reconstruction opérative des concepts théoriques tout en se distinguant de la tentative produite par son prédécesseur qui fut l’objet des « Deux dogmes ». La raison réside principalement dans le pragmatisme mis en avant par l’École d’Erlangen (Lorenzen, Lorenz, Kambartel, Kamlah, Thiel, Gethmann et alii), qui évite judicieusement les écueils sur lesquels, a-t-on cru, après Quine et Putnam, l’empirisme logique venait s’échouer. Cette « pratique » prend sa source dans la « Lebenswelt » d’Husserl et s’inspire partiellement du pragmatique de Dingler, permet une reconstruction rationnelle et critique de l’ensemble de la science (Kambartel, Janich) dont les visées recouvrent partiellement celles de l’empirisme logique tel qu’il a été revisité ces dernières années.

L’objectif de ce colloque est double. D’un point de vue historique, analyser les raisons qui font en sorte que le constructivisme méthodique (anti-stegmüllerien) de l’École d’Erlangen a peu ou pas été atteint par la portée de l’attaque quinienne (e.g. en ce qui a trait à la distinction analytique/synthétique, du rôle l’a priori et de la logique et la possibilité même du réductionnisme). D’un point de vue conceptuel, comparer la critique de Quine et de Putnam avec celle de l’École d’Erlangen de l’empirisme logique revisité en considérant le programme de l’École d’Erlangen comme une prolongation possible, par d’autres moyens, du projet de l’empirisme logique. Parmi les problématiques qui seront discutées lors du colloque, il y a la question centrale de la réception passée et actuelle de l’empirisme logique dans la pensée « anglo-américaine » versus celle dans la pensée « continentale ». La confrontation du pragmatisme américain et allemand et la question de l’analyticité et de la signification, celle du statut de la philosophie analytique des sciences seront soulevées. Il sera aussi question du rôle de la logique, de la reconstruction rationnelle de la science, du constructivisme, du formalisme, etc.

Programme: 

 

Jeudi 13 novembre

8h30 Accueil / Inscription

8h45 : Mot de bienvenue : Gerhard Heinzmann (Nancy)

9h00 :Kuno Lorenz (Sarrebruck) : Procedural Principles of the Erlangen School (On the interrelation between the principles : of method, of dialogue and of reason)

10h45 : Pause

11h00 : Jean-Paul Van Bendegem (Bruxelles) : Erlangen in Belgium : the Role of Léo Apostel

12h45 : Déjeuner

14h30 : Mathieu Marion (Montréal) : Between Saying and Doing : From Brandom to Lorenzen

16h45 : Pause

17h00 : Marcel Guillaume (Clermont-Ferrand) : Remarques sur les rapports entre entraînement mathématique et implication chez Julius König

18h45 : Fin de la journée

Vendredi 14 novembre

8h45 : Accueil / Inscription

9h00 :Christian Thiel (Erlangen) : Phenomenology, ‘Grundwissenschaft’ and ‘Ideologiekritik’ : Hermann Zeltner’s Critique of the Erlangen School

10h45 : Pause

11h00 : Oliver Schlaudt (Heidelberg) : Geometry as an Apriori of Measurement. Lorenzen’s interpretation of Relativity

12h45 : Déjeuner

14h30 : Shahid Rahman (Lille) : Interaction between Dialogic, Game-theoretical-semantics and IF Logic

16h45 : Fin du workshop

 

Organisé par le laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Poincaré (CNRS), Nancy-Université (Université Nancy 2) dans le cadre du projet DiaRaFor (MSH Lorraine, axe 4) et du programme ANR' Logiscience' ('La logique comme méthode d’analyse de la science : aspects historiques et problèmes contemporains', programme porté par l'IHPST).