En 2012, quand la vague de manifestations, de discours et de prises de positions homophobes a traversé la France dans le contexte des discussions sur le mariage pour tous, les personnes trans n’étaient pas, ou étaient peu cible d’attaques. En 2022 toutefois, de façon inattendue, elles se retrouvent au centre de polémiques créées autour des fantasmes déjà présents dans d’autres contextes. Le prétendu lobby trans viserait à détruire les vérités biologiques indiscutables tout en corrompant les enfants. Le 19 mars 2024, une proposition de loi visant à encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs en questionnement de genre a été déposée par plusieurs sénatrices et sénateurs républicains, les débats y étant relatifs révélant de nouveau une certaine hostilité à l’égard des personnes trans.
Les historiens de l’antisémitisme et du racisme connaissent bien ces fantasmes ; ils ne sont toutefois pas encore suffisamment analysés et contextualisés quand elles visent les personnes trans. L’absence de conceptualisation conduit à la banalisation de ces idées et pratiques, les discriminations sont opaques parfois mêmes aux yeux de celles et ceux qui en sont à la source. Vectrice de discriminations indirectes, la transphobie mérite une réflexion d’ensemble autour des enjeux théoriques et les imaginaires discriminatoires mobilisés, sa qualification juridique et du régime juridique qui pourrait en découler. Pour ce faire, un colloque interdisciplinaire, qui réunira des juristes, philosophes, sociologues, politistes, anthropologues, mais aussi différents acteurs de la société civile est proposé.
Manifestation organisée par l'Institut de Recherche sur l'Évolution de la Nation et de l'État, les Archives Henri-Poincaré et la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT)