Spécificités de l’Épistémologie Sociale : rapports entre l’épistémologie sociale et la philosophie de la connaissance traditionnelle

L’épistémologie sociale, telle que développée sous l'impulsion d'Alvin I. Goldman, consiste en une entreprise normative visant à prendre en compte la dimension sociale de la formation et de l’acquisition des croyances et connaissances. On la distingue, en ce sens, de l’épistémologie dite « classique » que l’on considère généralement comme individualiste, au sens où cette dernière se focaliserait sur les modes de formations individuels de croyances et sur la quête individuelle de connaissances. En quoi consiste, cependant, cette opposition et comment comprendre le terme « social » ? En quel sens, par exemple, l’épistémologie sociale renonce-t-elle à une approche individualiste des phénomènes cognitifs ? On peut penser qu’épistémologie sociale et épistémologie traditionnelle ont une finalité commune et que celle-ci ne se distinguerait de celle-là que par sa capacité à inclure de nouveaux objets dans le champ de la réflexion épistémologique, à l’instar des systèmes sociaux ou des entités collectives. On peut toutefois également considérer que l’épistémologie sociale consiste à réinterroger, voire à redéfinir certains des concepts centraux de l’épistémologie classique (comme ceux de « connaissance », de « justification », d’« évaluation épistémique » ou de « fiabilité »), auquel cas la différence entre épistémologie traditionnelle et épistémologie sociale ne saurait se réduire à une seule différence d’objets. Comment, de plus, penser la coexistence entre ces deux branches de l’épistémologie ? L’épistémologie sociale doit-elle être considérée comme une branche de l’épistémologie classique, comme son prolongement ou bien encore comme son dépassement, au sens où  l’épistémologie bien comprise ne pourrait être que sociale ? C’est à ces questions que cette journée tentera d'apporter des réponses.