Icone social AHP

Tentatives, Tentations, Intentions - Journées PsyPhINe 2015

Mardi 15 décembre 2015 - 12:30 - Mercredi 16 décembre 2015 - 13:00
Nancy, MSH Lorraine (salle internationale)
Argumentaire: 

Si l’interaction homme/robot cognitif conduit naturellement à des questions d’interprétation du comportement du robot (attribution ou non d’intelligence, d’intentionnalité et d'émotions par le sujet, degrés de confiance dans le dispositif technique), la gradation des attributions dépasse de loin ce seul type d'interaction. De notre appréhension des mouches à celle des chats, l'intersubjectivité ainsi que notre tendance naturelle à l'anthropomorphisme semblent jouer des rôles centraux : dans certains cas, mais pas dans tous, et selon les contextes, nous projetons dans l'autre énormément de notre propre cognition, nous tentons et sommes tentés d’attribuer des intentions. Les conditions de l’attribution d’intentions et de conscience paraissent liées à celles de l’émergence d’une interaction. L’atelier vise à confronter les approches de différentes disciplines (Intelligence artificielle, psychologie,anthropologie et philosophie) sur ces questions, comme plus généralement sur la cognition, l’intelligence et l’intentionnalité. L'atelier sera également l'occasion d'une discussion autour des travaux et expérimentations en cours et à venir dans le cadre du projet PsyPhINe.

Pour vous inscrire, merci de suivre ce lien.

Programme: 

Mardi 15 décembre

[12:30 accueil buffet]

14:00. Ouverture

14:10-15:00 - Jérôme Dinet (InterPsy EA4432, Université de Lorraine)
“Accepteriez-vous d’être ami ou d’avoir des relations sexuelles avec un robot?” Etude exploratoire des attitudes et comportements à l’égard des ‘futurs’ robots.

15:00-15:50 - Valérie Aucouturier (Université Saint-Louis, Bruxelles)
Avoir, attribuer et exprimer des intentions.

15:50 Pause

16:10-17:00 - Elisabeth Pacherie (Institut Jean-Nicod, UMR 8129, DEC-ENS, EHESS)
Attribution d'intentions: un modèle Bayesien.

17:00-17:50 - Emmanuel Grimaud (Paris10, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, UMR 7186, Paris 10)
"Dieu est dans la machine. Autour de l'expérience 'Ganesh Yourself'.

Mercredi 16 décembre

09:00-09:50 - Joffrey Becker (Laboratoire d'Anthropologie Sociale, UMR7130, Paris)
L'anthropomorphisme à l'aune de la robotique.

09:50-10:40 - Groupe PsyPhINe
Tiens, une lumière! Présentation d'expérimentations en cours et à venir.

10:40 Pause

11:00- 13:00 Discussion générale

13:00 Buffet

Résumés: 

Valérie Aucouturier
Avoir, attribuer et exprimer des intentions

Dans cette présentation, nous nous interrogerons sur la nature des liens entre avoir, attribuer et exprimer des intentions. Suivant le modèle classique, issu de la philosophie « cartésienne », nous attribuons des états psychologiques à autrui (en particulier des intentions) par inférence à partir de leurs expressions, attitudes, comportements, et par analogie avec nos propres états mentaux. Comme l’a montré Jacques Bouveresse, ce modèle « par analogie » a été remis en cause par la tradition wittgensteinienne. Nous nous proposons d’examiner les conséquences de cette remise en cause pour la compréhension des interactions humains/robots et plus généralement pour repenser la question des attributions d’intention dans leur rapport avec l’expression et la possession d’intention. En particulier, nous nous demanderons dans quelle mesure l’expression d’intention est liée à l’usage du langage et de conventions.

Joffrey Becker
L'anthropomorphisme à l'aune de la robotique

La robotique dite sociale cherche depuis quelques années les conditions permettant d'établir des relations naturelles entre humains et machines. Toutefois, malgré la façon dont elles nous imitent, ces machines ne parviennent quasiment jamais à nous tromper sur leur caractère artificiel. Les humanoïdes par exemple, au delà du sentiment d'étrangeté qu'ils suscitent, nous engagent dans des relations qui, bien qu'elles en prennent la forme, ne consistent pas en des rapports sociaux ordinaires. Ces relations impliquent en réalité des modes de communication d'un genre particulier, portant moins sur le contenu des messages qui y sont échangés que sur la possibilité même de communiquer. À travers l'étude de quelques cas, on se demandera si les relations que nous entretenons avec ces machines ne favorisent finalement pas une forme particulière de spécification ; une façon pour les humains de penser leur propre humanité

Jérôme Dinet
“Accepteriez-vous d’être ami ou d’avoir des relations sexuelles avec un robot?” Etude exploratoire des attitudes et comportements à l’égard des ‘futurs’ robots

Même si nous n’en sommes qu’aux débuts, la présence des robots dans nos espaces de vie professionnelle et personnelle est désormais une réalité. Ces objets présentent des caractéristiques qui les rendent uniques par rapport aux autres innovations technologiques (une certaine autonomie dans la prise de décision, la navigation en milieu ouvert, des capacités de raisonnement et d’adaptation à leur environnement…). In fine, c’est notre façon de travailler, d’apprendre, de jouer, de communiquer, bref de vivre au quotidien qui est impactée. Généralement, lorsqu’on les interroge sur leurs possibles relations avec des robots, les personnes répondent sur des dimensions affectives (« j’aime », « je n’aime pas ») ou du moins psychologiques (« j’ai confiance », « ils me font peur »…). Par-delà le débat passionnel que ces innovations technologiques déclenchent, la communication visera trois objectifs : (a) mieux comprendre les facteurs de réticence/résistance à l’encontre des robots ; (b) mieux comprendre les impacts nés de l’interaction entre des facteurs liés à l’individu et des facteurs liés aux robots qui expliquent certaines de nos craintes ou envies à interagir avec eux ; (c) aborder certaines interrogations qui vont très rapidement apparaître et auxquelles la Société se doit de répondre afin de préparer la future co-habitation.

Emmanuel Grimaud
"Dieu est dans la machine. Autour de l'expérience 'Ganesh Yourself'.

Si la robotique vous donnait la possibilité d'être un dieu le temps d'une conversation, que diriez-vous aux hommes et que feriez-vous ? Emmanuel  Grimaud présente son dernier projet de film, autour d'un robot très 'wild tech' d'un dieu à tête d'éléphant, conçu à l'image du dieu hindou Ganesh, qui se promène dans les rues de Bombay. Une expérience unique en psychologie des religions.

Elisabeth Pacherie
Attribution d'intentions: un modèle Bayesien

Expliquer ou prédire le comportement d'autrui suppose une capacité à inférer les intentions qui motivent ce comportement. Ces inférences se basent sur deux types de sources: les données perceptives que livre l'observation du comportement et les attentes de l'observateur, liées à son expérience passée ou à ses connaissances préalables. Je soutiens que le rôle joué par ces deux types de sources dépend de la complexité et de la nature, sociale ou non-sociale, des intentions à inférer et propose un modèle Bayésien de l'attribution d'intentions à autrui.

Groupe PsyPhINe
Tiens, une lumière! Présentation d'expérimentations en cours et à venir

Composé de chercheurs en informatique, en psychologie et en philosophie, le Groupe PsyPhINe vise à mettre en commun les approches souvent dissociées des concepts d'intentionnalité, de conscience et de cognition. L'objectif s'est resserré autour de la mise en place d'un test de Turing non verbal. L'exposé permettra de présenter une expérimentation mise en place au printemps 2015 et, partant des limites rencontrées, d'avancer les grandes lignes des prochaines expérimentations programmées courant 2016.

 

Manifestation organisée avec le soutien de :