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Maxime MADOUAS


Docteur en épistémologie et histoire des sciences et des techniques (décembre 2025)

Titre de la thèse / PhD

Les recherches participatives : « une autre science » ?

Une étude des styles de raisonnement scientifique au cœur de la recherche-action participative REPERE sur les pratiques viticoles et la santé de la vigne

Thèse co-dirigée par Catherine ALLAMEL-RAFFIN (AHP-PReST, UMR 7117) et Jean Eugène MASSON (INRAE, SVQV,  UMR 1131)

Résumé

Cette thèse porte sur les dispositifs de participation en sciences, souvent regroupés sous l’appellation de « sciences participatives ». Celles-ci englobent à la fois des démarches relevant de la tradition de collaboration, entre « amateurs », chargés de collecter des données d’observation, et des chercheurs professionnels définissant le cadre d’analyse (sciences citoyennes), mais aussi des démarches de co-construction des connaissances associant citoyens, professionnels et, plus largement, personnes concernées par des problèmes locaux (community-based research et recherches participatives). Mon intérêt se porte plus spécifiquement sur la recherche participative et sur son statut possible de « science à part ». En effet, la littérature de ce domaine emploie divers termes pour en marquer la spécificité, notamment autour des valeurs d’inclusion des groupes de non scientifiques dans la recherche scientifique. L’expression de « paradigme du participatif », par exemple, a été proposée pour souligner cette singularité ; elle ne me semble toutefois pas suffisante pour rendre compte des concepts et des méthodes qui assurent la stabilité de la recherche participative. En mobilisant les acquis de mon parcours de formation hybride – en biologie d’abord, puis en sociologie, histoire et philosophie des sciences – ainsi que mon intégration dans une équipe de recherche participative, travaillant depuis plus de quinze ans sur les pratiques viticoles et la santé de la vigne (l’équipe « Recherche Participative et Santé de la Vigne » – RPSV – à l’INRAE de Colmar), j’ai choisi d’examiner les dimensions conceptuelles et méthodologiques structurant ces recherches. Pour ce faire, j’ai eu recours à la notion de « style de raisonnement scientifique », élaborée par Ian Hacking, qui offre un cadre pertinent pour analyser la stabilité des sciences au-delà des disciplines et des paradigmes. À partir d’une analyse historique des principaux concepts et méthodes, développés depuis les années 1940, et d’une étude de la trajectoire des projets et pratiques mis en œuvre au sein de l’équipe RPSV, mon objectif est de mettre à l’épreuve cette notion. J’entends montrer que certains styles de raisonnement décrits par Hacking (par exemple, le style de laboratoire) se retrouvent dans les recherches participatives de cette équipe, tout en examinant la possibilité qu’émerge un style de raisonnement propre à la recherche participative. Si tel est le cas, il ne s’agirait pas d’une « autre science » ni d’un « nouveau paradigme », en rupture avec un supposé paradigme « positiviste ». Le style de raisonnement de la recherche participative s’entrelacerait de manière complexe avec les autres styles décrits par Hacking. Si mon hypothèse se vérifie, un débat plus apaisé – et sans doute plus fécond – pourrait alors contribuer à doter ce style émergent de la légitimité académique, mais aussi sociale et politique, qu’il mérite.

Mots-clés : Philosophie des sciences, Recherche Participative, Style de raisonnement scientifique, Agronomie, Viticulture, Biologie moléculaire.