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Journée d'épistémologie sociale sur l'expertise : mercredi 15 juin 2016

Mercredi 15 juin 2016 - 10:15 - 16:00
MSH salle internationale
Programme: 

Journée d'étude organisée dans le cadre du séminaire d'épistémologie sociale (CPER ARIANE).

Date : Mercredi 15 juin 2016

Lieu : Nancy, salle internationale de la MSH Lorraine, 91 Avenue de la Libération.

10h15 - Accueil des participants - café

10h30 : Volny Fages et Arnaud Saint-Martin - Implications d'une analyse critique de l'épistémologie hasardée dans la défense des causes perdues : Steve Fuller, avocat de l'Intelligent Design.

Autour de leur article (https://socio.revues.org/633) "Jouer l’expert à la barre : l’épistémologie sociale de Steve Fuller au service de l’Intelligent Design" (Socio, 2014).

Résumé : Fin 2005, à Harrisburg en Pennsylvanie, le procès Kitzmiller et al. v. Dover Area District oppose des parents d’élèves soutenus par l’American Civil Liberties Union au Board of Education du district de Dover. L’objet du contentieux est l’introduction de références à la théorie antidarwinienne de l’Intelligent Design dans l’enseignement de biologie. Ce procès, qui fait suite à de nombreux autres relatifs à l’enseignement de la théorie de l’évolution aux États-Unis, charrie des enjeux épistémologiques forts. S’il est démontré à la barre que l’Intelligent Design est une science, même marginale, celui-ci devrait alors pouvoir être enseigné. Plusieurs « métaexperts » sont donc invités à témoigner afin de permettre de déterminer le statut épistémologique de cette théorie, mêlant ainsi luttes épistémologiques, batailles politiques et construction d’une jurisprudence. Cet article se concentre sur le témoignage du sociologue et philosophe des sciences Steve Fuller, pour le compte de la défense (de l’Intelligent Design). Il s’agit ici d’entrer dans le détail de l’argumentation de Fuller et de la replacer dans son contexte intellectuel, historique et socio-politique. Théâtral, excessif, outré, le cas Fuller nous permet, au travers d’une situation de dispute, de proposer une réflexion sur la responsabilité politique et morale des experts universitaires, et en particulier du domaine des Science and Technology Studies, intervenant hors de la sphère académique.

12h : Buffet

14h : Erwan Lamy - Que manque-t-il aux épistémologues sociaux pour jouer (sérieusement) aux experts ? Proposition d’une épistémologie sociale opérationnelle pour les organisations.

Résumé : L'épistémologue social se pose parfois en expert de la production sociale de la connaissance, arbitrant entre bonnes et mauvaises pratiques épistémiques. Mais ses recommandations ne sont guère écoutées. En particulier, dans les organisations, ce sont les sciences de gestion qui disent le bon et le bien en matière de connaissance, en particulier les experts du "knowledge management". Les experts des sciences de gestion ne s'occupent cependant pas de distinguer clairement croyances et connaissances, et parfois même adoptent explicitement des positions relativistes. Je fais l'hypothèse que si l'épistémologie sociale échoue à se faire entendre dans les organisations, au profit d'expertises moins soucieuses de qualité épistémique, c'est notamment en raison d'une clarification insuffisante de sa démarche prescriptive. Pour produire une épistémologie sociale opérationnelle, qui puisse véritablement devenir un instrument d'expertise, il faut clarifier cette démarche. C'est ce que je propose de faire, en distinguant en particulier les postures de plain-pied et en surplomb. De plain-pied la vérité se confond avec le processus épistémique concret permettant à l’individu d’y accéder. Je montre alors qu'une épistémologie sociale opérationnelle doit clairement assumer une telle posture. Cela soulève cependant des difficultés, car cette posture semble impliquer à la fois un rejet et une adhésion de l’absolutisme épistémique. Pour dénouer cette contradiction, je propose qu’une épistémologie sociale opérationnelle soit, sous certaines conditions, réglée sur le « désir épistémique » de l’organisation, c’est-à-dire sur les buts épistémiques que l’organisation souhaite atteindre.

Organisation

  • Olivier Ouzilou
  • Pierre-Édouard Bour
  • Pierre Willaime