Les conférences se déroulent de 17h00 à 19h00 dans la Salle Internationale de la Maison des Sciences de l'Homme de Lorraine (91 avenue de la Libération, Nancy, 3e étage, salle 324).
La programmation de l'année universitaire 2015-2016 propose deux conférences par axe du laboratoire, soit six conférences en tout.
Les Grandes conférences sont organisées par :
- Archives Henri Poincaré
- Département de Philosophie de l'Université de Lorraine à Nancy
- Colloque permanent transfrontalier Nancy-Saarbrücken
- MSH Lorraine
14 octobre 2015
Sébastien Réhault (Archives Poincaré, Université de Lorraine)
"Que faut-il attendre d'une philosophie expérimentale de l'art ?" [résumé]
13 janvier 2016
Jeanne Peiffer (Centre Alexandre Koyré, CNRS)
"Instruire et divertir. Les journaux savants au prisme de leurs publics" [résumé]
30 mars
Thomas Pavel (Université de Chicago)
"Il ne suffit pas de se fier aux apparences" [résumé]
27 avril
Baptiste Mélès (Archives Poincaré, CNRS)
"Le chaînon manquant : le tome 2 de La Philosophie de l'algèbre de Jules Vuillemin" [résumé]
8 juin
Françoise Waquet (Centre d'étude de la langue et des littératures françaises, CNRS, Paris Sorbonne)
"Une histoire matérielle de la culture savante, 16e-21e siècle: problèmes, méthodes, résultats" [résumé]
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Résumés / Abstracts
14 octobre 2015
Sébastien Réhault (Archives Poincaré, Université de Lorraine)
"Que faut-il attendre d'une philosophie expérimentale de l'art ?"
Le paysage philosophique contemporain est marqué par ce que l’on pourrait appeler un « tournant empirique ». Une des formes les plus visibles de ce tournant est l’essor de la philosophie expérimentale : partant du constat que le recours aux intuitions joue un rôle épistémique important dans l’acceptation ou le rejet d’une théorie philosophique, les partisans de l’approche expérimentale considèrent que, si nous voulons vraiment leur faire jouer ce rôle en philosophie, alors nos intuitions doivent faire l’objet d’un examen empirique sérieux. Cet examen doit notamment permettre de répondre aux deux questions suivantes : (1) quelles sont exactement les intuitions des gens relativement au problème philosophique visé ? ; (2) ces intuitions reposent-elles sur des processus psychologiques fiables ? Alors que, depuis près d’une décennie, les philosophes expérimentaux se sont emparés de plusieurs questions relevant de domaines philosophiques variés (théorie morale, épistémologie, sémantique, philosophie de l’esprit), la philosophie de l’art semble avoir été relativement épargnée par ce tournant empirique. L’objectif de cette présentation est de défendre la thèse selon laquelle les philosophes de l’art ont un intérêt méthodologique à prendre en compte l’approche expérimentale : pour définir l’art, indiquer des critères d’authenticité pour les œuvres d’art, ou encore proposer une épistémologie esthétique crédible, il est nécessaire de tenir compte de nos intuitions partagées en la matière, ainsi que des mécanismes psychologiques qui sous-tendent ces intuitions.
13 janvier 2016
Jeanne Peiffer (Centre Alexandre Koyré, CNRS)
"Instruire et divertir. Les journaux savants au prisme de leurs publics"
Les journaux savants du 18e siècle prétendent en général s’adresser à un double public de savants et de curieux. Ce topos régit du moins les énoncés programmatiques de leurs « auteurs ». Pour satisfaire les exigences des divers segments de public, les éditeurs de journaux déploient des stratégies variées et multiplient les formes sous lesquelles présenter les nouvelles « littéraires » qui incluent alors les informations savantes, voire scientifiques. Les intérêts divergents des lecteurs, tels qu’ils s’expriment en filigrane dans les pages des journaux, engendrent presqu’inévitablement des conflits. Afin de gérer le rapport de force entre des orientations plus savantes et des aspects plus ludiques, les rédacteurs mettent en place des dispositifs dont certains exemples particulièrement intéressants, tirés notamment du Mercure suisse, seront présentés.
30 mars
Thomas Pavel (Université de Chicago)
"Il ne suffit pas de se fier aux apparences"
Selon les grands théoriciens de l’illusion picturale (Ernst Gombrich) et de la mimésis littéraire (Erich Auerbach), l’illusion et la vraisemblance sont fondées sur la ressemblance entre l’œuvre artistique (tableau ou récit) et l’univers perceptible. Or en réalité, un nombre considérable d’œuvres picturales et littéraires présentent des personnages et des situations dont le caractère véridique ne se réduit pas à leur ressemblance avec l'univers perceptible. Je commenterai quelques exemples, dont les Olympias de Manet et Cézanne, Phèdre de Racine et Hamlet de Shakespeare, œuvres où l’illusion artistique et littéraire va bien au-delà de la perception des apparences.
27 avril
Baptiste Mélès (Archives Poincaré, CNRS)
"Le chaînon manquant : le tome 2 de La Philosophie de l'algèbre de Jules Vuillemin"
Un coup d'œil rapide sur la bibliographie de Jules Vuillemin pourrait laisser croire à l'existence d'un ou plusieurs « tournants » : après le Vuillemin existentialiste des années 1950 serait ainsi venu l'algébriste du début des années 1960 — celui dont le travail culmine avec la Philosophie de l'algèbre (1962) — puis le logicien autour des années 1970, le classificateur de systèmes dans les années 1980, le platonicien dans les années 1990.
Le manuscrit complet mais inédit du tome 2 de la Philosophie de l'algèbre, conservé dans le fonds Jules-Vuillemin des Archives Henri-Poincaré (Nancy), fait voler en éclat toute tentative de cet ordre. Il montre en effet que c'est dans la continuité immédiate de la « philosophie de l'algèbre » que Vuillemin a conçu le programme de travail qu'il a méthodiquement mis en œuvre dans son œuvre ultérieure.
Nous présenterons ce manuscrit inédit et exposerons les conclusions du groupe qui l'a étudié entre 2013 et 2015 : Emmylou Haffner, Gerhard Heinzmann, Sébastien Maronne, Baptiste Mélès, Philippe Nabonnand, David Rabouin et David Thomasette.
8 juin
Françoise Waquet (Centre d'étude de la langue et des littératures françaises, CNRS, Paris Sorbonne)
"Une histoire matérielle de la culture savante, 16e-21e siècle: problèmes, méthodes, résultats"
C’est une histoire matérielle de la culture savante entre XVIe et XXIe siècle que je présenterai, en développant, sur la base d’exemples concrets tirés de l’ordinaire de la science, les trois points suivants :
- Les savants, quelles que soient les disciplines, manient, dans la production et la communication des savoirs, un outillage aussi imposant que divers, s’accroissant au fil du temps. S’ajoutent, nombreuses, les ressources qu’ils apportent avec eux, celles de leurs sens éduqués ou encore magnifiés par de multiples instruments.
- Les configurations que ces outils créent entre écrit, image, parole, regard, geste, instrument, etc., révèlent le caractère mixte, multimédia et multisensoriel, de l’ordre du savoir.
- Ces outils et leur emploi s’accompagnent à l’occasion de discours. Un argumentaire de fond se dégage, répondant aux exigences d’une société toujours affrontée à l’abondance de l’information et au manque de temps.
Cela amènera aux conclusions suivantes : les outils de travail ne sont pas que de simples à-côtés des idées ; leur maniement combiné relativise l’interprétation commune d’une radicalité des mutations technologiques et des révolutions cognitives qui en découleraient ; la fabrique des connaissances mêle aux idéaux de l’objectivité scientifique des éléments relevant de l’ordre sensible.
Grandes conférences des années précédentes :
Programme de l'année 2014-2015
Programme de l'année 2013-2014
Programme de l'année 2012-2013
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Programme de l'année 2010-2011
Programme de l'année 2009-2010
Programme de l'année 2008-2009
Programme de l'année 2007-2008
Contact : Manuel Rebuschi