La lettre d'information des Archives Poincaré (mai 2022)

Vie du laboratoire

Les 18 et 19 mai se tiennent à Strasbourg les dixièmes Rencontres Doctorales Internationales en Philosophie des Sciences, organisées par la Société de Philosophie des Sciences et accueillies par les Archives Henri-Poincaré. Dans le comité d'organisation traditionnellement composé de doctorants, ce sont Marion Sabel, Maxime Madouas et Julien Borgeon qui ont été à la manoeuvre pour le laboratoire. Un grand bravo à tous trois et à leurs collègues des autres équipes pour cette belle manifestation ! Le programme est à retrouver ici.

De bons résultats au CAPES interne de philosophie pour deux de nos anciens doctorants, Yannick Chin et Florian Larminach, tous deux admis. Toutes nos félicitations !

Trois nouveaux stagiaires Université de Lorraine dans le laboratoire. William Tardot (M2 Sciences cognitives) et Yannis Addi (L3 MUIASHS Sciences cognitives) travailleront dans le cadre du projet ANR Patrimaths, respectivement sur la  constitution d'une ontologie adaptée et l'intégration des données issues du corpus d'une part, et sur la mise en place d'une première version de la plateforme sous Omeka S d'autre part. Etienne Schneider (L3 MIASHS Sciences cognitives), travaillera quant à lui sur la conception d'un outil numérique de gestion des flux éditoriaux pour la revue Philosophia Scientiae. Bienvenue à eux !

Séminaires et groupes de travail

• Grandes conférences des Archives Poincaré : mercredi 4 mai, à 17h, Yves Gingras, "La moralisation de la science", Strasbourg, et en ligne
• Séminaire de l'Académie Helmholtz : vendredi 6 mai, à 18h, Nancy, site Libération, salle internationale
• Séminaire d'histoire des sciences astronomiques : mardi 10 mai, à 14h, Véronique Stoll & Aleth Tisseau des Escotais (Bibliothèque de l'Observatoire), "Archives et collections patrimoniales de la Bibliothèque de l’Observatoire de Paris : des matériaux au service de l’histoire des sciences" & Frédéric Soulu (CollEx-Persée – Observatoire de Paris, Université PSL), "« La France a gagné la bataille du ciel ! » : émergence de la caméra électronique à l’Observatoire de Paris (1945-1955)", Observatoire de Paris, et en ligne
• Grandes conférences des Archives Poincaré : mercredi 11 mai, à 18h, Lorraine Daston (Max Planck Institut für Wissenschaftsgeschichte), "The Origins of International Governance in Science", Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines, bât. G, salle G04, et en ligne
• Séminaire Codes sources : jeudi 12 mai, à 14h, Lucie Conjard (IIAC - Centre Georg Simmel, EHESS), "Ethnographier les processus de production de dispositifs à "intelligence artificielle" : matérialités et représentations dans l’IA", Salle 15-16/101 de l'IRILL (rotonde 15, 1er étage), Paris
• Séminaire "Humanités numériques et archives" : vendredi 13 mai, à 10h, Christophe Eckes, en ligne
• Séminaire "Philosophy and computer science, Tübingen & Nancy" : lundi 16 mai, à 17h, Christophe Denis (Sorbonne Université, LIP6), "The notions of information and conviviality in deep neural networks – or what about "Explainable AI" or "Trusted AI"?", en ligne
• Séminaire d'épistémologie sociale et formelle : mardi 17 mai, à 14h30, Baptiste Bedessem (Université de Namur/Muséum national d’histoire naturelle), "Producing epistemic communities through online interactions in biodiversity citizen science" , en ligne
• Séminaire Objectivité, Big data et Médecine/ Objectivité et design graphique en sciences : mardi 17 mai, à 16h30, Philippe Lacour (Universidade de Brasilia- Brésil/ Programme au Collège International de Philosophie), "La clinique entre standardisation statistique et réflexion singularisante" & Wioletta Miskiewicz (Archives Poincaré), "le réalisme direct et la production des objets scientifiques", Strasbourg, MISHA
• Cycle de conférences "Épistémologie et communication scientifique" : mardi 24 mai, à 14h, Arnaud Saint-Martin et Adrien Kurek (Centre européen de sociologie et de science politique, Paris), "Communiquer l’intérêt pour l’espace : arguments, figures imposées et idéologies", Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines, bât. G, salle G04, et en ligne [s'inscrire]
• Séminaire de recherche sur les sciences et les technologies : lundi 30 mai, à 17h15, Julie Wohlfahrt (Université de Lorraine, INRAE Colmar, UMR 1121), "Bioéconomie et durabilité des territoires", Strasbourg, MISHA, salle de la Table ronde, et en ligne : https://bbb.unistra.fr/b/all-kd6-vv6-ryn
• Grandes conférences des Archives Poincaré : mercredi 1er juin, à 18h, Laurence Guignard (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne), "L’atelier de l’amateur d’astronomie, entre normes scientifiques et culture alternative", Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines, bât. G, salle G04, et en ligne [s'inscrire]
• Grandes conférences des Archives Poincaré : mercredi 8 juin, à 17h, Amy Schmitter (University of Alberta), "A Taste for Friends: Hume on the aesthetics, ethics and happiness of friendship", Strasbourg, salle à préciser, et en ligne [s'inscrire]
• Séminaire Codes sources : jeudi 9 juin, à 14h, Laurent Cervoni (groupe Talan), "Programmation logique et intelligence artificielle : cinquantième anniversaire de Prolog", Salle 15-16/101 de l'IRILL (rotonde 15, 1er étage), Paris et en ligne : https://univ-tlse3-fr.zoom.us/j/97938751991

Toujours à voir ou à revoir sur notre plateforme vidéos :

• Les Grandes conférences
• Séminaire de recherche sur les sciences et les technologies
• Séminaire Codes sources
• Séminaire Philo-Info (OLKI)
• Séminaire Facultés et université de Nancy 19e-20e siècles
• Séminaire Social and Formal Epistemology
• Séminaire Objectivité et Big Data en médecine - Objectivité graphique en sciences

Et plus généralement, les vidéos des séminaires organisés par ou en lien avec les Archives Poincaré : https://videos.ahp-numerique.fr/video-channels/seminaires/videos?a-state=42

Manifestations

Vient de paraître

• Alexandre Métraux, interview par Stefan Frisch, "Im Sog der Erzählung - Erinnerungen an Oliver Sacks", Swiss Archives of Neurology, Psychiatry and Psychotherapy, 13.04.2022, en ligne : https://sanp.ch/article/doi/sanp.2022.w10066
• Manuel Rebuschi, About Context, Fiction, and Schizophrenia. In: Wuppuluri, S., Stewart, I. (eds) From Electrons to Elephants and Elections. Exploring the Role of Content and Context. The Frontiers Collection. Springer, Cham, 779–795. https://doi.org/10.1007/978-3-030-92192-7_40
• Anne-Françoise Schmid, deux articles dans Ilan Manouach & Anna Engelhardt (eds.), Chimeras, Inventory of Synthetic Cognition, Onassis Foundation, 2022 : "Intelligence" (77-78), "Non-synthesis" (58-60).

Zoom ... sur le projet "La conscience phénoménale peut-elle lever l’aporie du « moi » ? Étude des liens entre le hardproblem of consciousness et le problème de l’ipséité", de Camille Guiardel

Ce travail de thèse s’inscrit dans la tradition analytique et consiste à étudier les liens entre le hardproblem of consciousness et le problème de l’identité personnelle. Précisons que nous parlons ici de la conscience phénoménale en opposition à la conscience d’accès . La conscience phénoménale correspond à « l’effet que cela fait » d’être un organisme : on parle d’expérience vécue. Au contraire, la conscience d’accès exclut l’expérience vécue, elle correspond davantage à l’intention, au sens où elle est accessible à l’esprit, permet les raisonnements et l’action consciente.

Le hardproblem of consciousness (théorisé par D. Chalmers) revient à se demander pourquoi et comment des états mentaux sont accompagnés d’une expérience vécue et subjective. En d’autres termes, il s’agit de se demander pourquoi, lorsqu’un sujet regarde un rouge vif, il y a un « effet que cela fait » chez ce sujet de percevoir ce rouge. Le problème de l’identité personnelle consiste dans la recherche du critère de l’ipséité d’un sujet, c'est-à-dire de ce qui fait que ce sujet est lui-même et pas un autre. Ce critère est à double enjeu, premièrement il pose la question de l’accès supposé privilégié qu’une personne a à l’égard d’elle-même, deuxièmement il pose la question de la continuité d’un sujet « je » dans le temps.

Le débat qui s’articule autour du Hardproblem semble fournir deux positions ontologiques très distinctes. Premièrement, l’antiréalisme de la conscience qui soutient que les expériences vécues n’ont pas de réalité propre, mais sont réductibles aux états physiques. Deuxièmement, le réalisme de la conscience qui soutient que l’expérience vécue a une réalité propre et n’est pas réductible aux états cérébraux (cela ne signifie pas que les réalistes nient la corrélation entre les états cérébraux et l’expérience vécue). Or, ces deux conceptions mènent à des conclusions très différentes vis-à-vis du problème de l’ipséité. La conclusion la plus forte qu’il est possible d’avancer dans le cadre de l’antiréalisme est qu’il n’existe pas de critère d’ipséité, que nous n’avons nullement d’accès privilégié à notre propre égard. À l’inverse, la position réaliste permet de soutenir l’idée d’une conscience phénoménale distincte des états physiques. Elle laisse donc la question ouverte de savoir si – du fait de son caractère purement subjectif – la conscience phénoménale peut constituer le critère d’ipséité d’un sujet. Au sens où elle correspondrait à l’unité de nos expériences conscientes.

L’enjeu est donc celui d’analyser les arguments en faveur et contre le réalisme de la conscience, afin d’en dégager une thèse forte concernant le problème de l’identité personnelle. Il s’agit, en définitive, d’attaquer le problème de l’ipséité à partir du hardproblem of consciousness.

Prochaine lettre en juin 2022 -- Vous pouvez également vous inscrire à notre liste de diffusion

© 2022 - Archives Henri-Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine / Université de Strasbourg)