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Programme des Grandes conférences 2021-2022

Le cycle des Grandes Conférences des Archives Henri Poincaré est conçu comme un espace de rencontre entre chercheurs et grand public.

Il couvre de nombreux champs disciplinaires : philosophie, épistémologie, éthique, histoire des sciences et des techniques, histoire des institutions, sociologie des sciences et des organisations, etc.

Les séances sont enregistrées : vous pouvez les retrouver sur le serveur vidéo des Archives Henri-Poincaré à : https://videos.ahp-numerique.fr/video-channels/grandesconferences/videos

 

Les conférenciers qui sont intervenus en 2021-2022 ont été, dans l’ordre alphabéthique : Claire Crignon, Lorraine Daston, Caroline Ehrhard, Mathias Girel, Laurence Guignard, Jean-Baptiste Guillon, Cyrille Imbert, Thomas Pradeu & Maël Lemoine, Laurent RolletAmy Schmitter et Charles T. Wolfe.

 

– Programme des séances 2021-2022 –

22 septembre 2021 (à Nancy) | Cyrille Imbert (Archives Henri Poincaré – AHP-PReST, Université de Lorraine) voir en ligne

Calculer de bons nombres pseudo-aléatoires : un problème social, culturel et cognitif

Résumé
Les philosophes des sciences ont souligné au cours des dernières décennies que l'analyse épistémologique de la science nécessite de considérer sa dimension sociale et cognitive. Dans cet exposé, je souligne en quoi cette position est également appropriée concernant l'accomplissement d'une tâche centrale de la science contemporaine, à savoir le calcul de nombres pseudo-aléatoires qui sont suffisamment bons pour une certaine enquête cible. En effet, il peut être nécessaire d'avoir une expertise pointue, à la fois sur ses besoins scientifiques et sur les PRNG (Parallel Random Number Generators), pour déterminer si un (P)RNG est suffisant pour une recherche scientifique particulière. En outre, il est établi que l'environnement informatique des scientifiques n'est pas un territoire sûr puisque la plupart des générateurs de nombres pseudo-aléatoires disponibles souffrent de divers défauts et peuvent ne pas être triviaux à utiliser en toute sécurité.
Dans ce contexte, je souligne que les heuristiques, les biais de disponibilité habituels et la difficulté à prendre conscience des erreurs dans le cas présent peuvent facilement induire en erreur les scientifiques dans leur utilisation des (P)RNG. Cela suggère que le développement d'environnements appropriés fournissant des normes de bonnes pratiques, de standards, les signaux d'alerte et une assistance institutionnelle bien ciblée sont cruciaux pour garantir que la qualité des nombres pseudo-aléatoires effectivement calculés ne gâche pas les résultats scientifiques.

Cyrille Imbert est directeur de recherches aux Archives Henri Poincaré (AHP-PReST) à l'Université de Lorraine. Il est philosophe, spécialisé dans l’épistémologie et la philosophie des sciences. 

13 octobre 2021 (à Nancy) | Charles T. Wolfe (Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès) – voir en ligne

Un matérialisme intelligent

Résumé
Existe-t-il une histoire du matérialisme ? Une telle histoire est-elle possible ? Les contextualistes insisteront que de Démocrite à La Mettrie, ou de Diderot à Dennett, il y a au mieux une « tradition discontinue », pour reprendre une expression de Günther Mensching que j'ai citée ailleurs. Une réponse, que j'ai donnée dans certains de mes travaux, consiste à distinguer des « formes de matérialisme » (Wolfe 2016, 2020b).
Par exemple, un matérialisme plus  « cosmique » ou « cosmologique » (c'est-à-dire une affirmation sur la nature de l'univers en tant que matière) par rapport à un matérialisme plus psychocérébral (c'est-à-dire une affirmation sur la nature des processus mentaux en tant que processus cérébraux), ce dernier matérialisme prédominant au milieu du 20e siècle (Smart, Armstrong) mais laissant progressivement place au physicalisme. Ou, différemment, entre deux théories de la matière différentes et leurs prolongements matérialistes différents, à savoir le matérialisme mécaniste et le matérialisme vital (cf. Wolfe 2017) : une ontologie se basant sur le mécanisme est bien différente d’une ontologie plaçant les propriétés vivantes à la base de la matière, comme celle de Diderot. Une autre approche qui n'a pas encore été explorée consiste à opposer le « radicalisme » du matérialisme des Lumières – sa dimension idéologique manifeste et autoproclamée (Wolfe 2020a, prolongeant l’idée de Jonathan Israel) – aux formes plus « scientifiques » du matérialisme qui se cristallisent autour de la biochimie du 19e siècle (ce qu'on appelle le Vulgärmaterialismus, cf. Pecere à paraître) et dans le sillage du Cercle de Vienne (par exemple, la théorie de l'identité et son ballet compliqué avec le physicalisme).
Un effet utile de la réflexion sur ce dernier contraste, est qu'il nous aide à éviter l'erreur commune de parler du matérialisme comme une sorte de philosophie spontanée des scientifiques, ou inversement, une philosophie dont la « vérité » dérive de sa proximité avec les sciences (surtout la physique). Dans cet exposé, je réfléchis, en partie à la lumière de ma récente publication Lire le matérialisme (Wolfe 2020b, Wolfe et Moreau 2020)
(i) sur la possibilité de comprendre la portée philosophique de l'histoire du matérialisme (y compris le défi méthodologique de comprendre une doctrine à travers ses critiques),
(ii) sur l'idée de « types » ou « variétés » de matérialisme (mécaniste versus vital, métaphysique versus non-métaphysique, fondé sur la science ou non, mais aussi l'idée spéculative d'un « matérialisme intelligent »), et
(iii) sur la question de savoir si le matérialisme est condamné à être une « tradition discontinue », ou sinon un physicalisme.

17 novembre 2021 (à Nancy, en ligne) | Caroline Ehrhardt (Université Paris 8)

Ce que les mathématiciens font aux assurances: le conseil des mathématiciens de la Compagnie d’assurances générales sur la vie des hommes (1818-1823)

Résumé
En examinant le travail du conseil des mathématiciens formé au sein de la Compagnie d’assurances générales sur la vie des hommes à sa création en 1819, cet article aborde la dimension professionnelle que revêtent les applications des statistiques et des probabilités pour les questions d'assurance et de prévoyance. Ce domaine, que l’on appellera l’actuariat plus tard au XIXe siècle, constitue un objet privilégié pour étudier la pratique des mathématiques comme technique nécessaire à la conduite d’activités économiques, mais aussi les dispositifs sur lesquels une telle pratique repose, les actions concrètes de travail intellectuel qu'elle induit, ou encore les interactions qu'elle suppose entre des acteurs "mathématiciens" et des acteurs appartenant au champ politique ou économique.

8 décembre 2021 (à Nancy) | Claire Crignon (Université Paris Sorbonne) – voir en ligne

Confiance et défiance en médecine. La philosophie de la médecine a-t-elle besoin d’une histoire de la philosophie de la médecine ?

Résumé
Dans les débats récents relatifs à la crise sanitaire, les analyses et les éclairages proposés par les philosophes des sciences et les philosophes de la médecine sont restés très peu visibles ou médiatisés. On a davantage entendu des « philosophes covid-sceptiques », une prise de parole qui a conduit certains philosophes des sciences contemporains à dénoncer l’absence de formation scientifique des « littéraires ». On a aussi assisté à une certaine instrumentalisation de la philosophie des sciences et de l’histoire de la philosophie pour justifier le refus de la méthode et des prises de position dissidentes du côté des médecins.
Dans cette intervention nous voudrions reprendre la question que posait Pierre Bayle au sujet des débats et croyances qui ont pu accompagner la survenue d’un événement tel que le passage d’une comète : « pourquoi ne parle-t-on point de l’autorité des philosophes » dans un contexte où les croyances se déchaînent ?
Pour ce faire nous proposons de montrer que l’histoire des sciences biologiques et médicales est consubstantielle à la philosophie de la médecine et que le détour par une réflexion sur l’histoire de l’incertitude et de la défiance en médecine peut contribuer à éclairer d’une manière critique et à éclairer les questions qui se posent aujourd’hui pour rétablir une certaine confiance.

26 janvier 2022 (à Nancy, en ligne) | Thomas Pradeu (CNRS) & Mael Lemoine (Université de Bordeaux) voir en ligne

La philosophie peut-elle vraiment contribuer à la science ? De la philosophie des sciences à la philosophie dans les sciences.

Résumé 
La plupart des philosophes des sciences font de la philosophie « sur » la science. D'autres, cependant, font de la philosophie « dans » la science (« philosophy in science », ou « PinS »), c'est-à-dire qu'ils utilisent des outils philosophiques pour aborder des problèmes scientifiques et proposer des propositions scientifiquement utiles. 
Dans cet exposé, nous examinons les indices prouvant l’existence d’une telle approche dans la philosophie des sciences récente, des années 1970 à nos jours.
Nous procédons en deux étapes. Tout d'abord, nous identifions empiriquement les auteurs et articles pertinents à l'aide d'outils bibliométriques, en faisant l’hypothèse que la PinS est susceptible d'infiltrer la science et donc d'être publiée dans des revues scientifiques (« intervention »), citée dans des revues scientifiques (« visibilité ») et parfois reconnue comme un résultat scientifique par les scientifiques (« contribution »). Nous montrons que de nombreuses figures centrales de la philosophie des sciences ont été impliquées dans la PinS, et que certains philosophes se sont même « spécialisés » dans cette pratique. 
Deuxièmement, nous proposons une définition conceptuelle de la PinS comme un processus impliquant trois conditions (poser un problème scientifique, utiliser des outils philosophiques pour l'aborder, et faire une proposition scientifique à son propos), et nous nous demandons si les articles identifiés à la première étape par nos outils bibliométriques remplissent toutes ces conditions. 
Au total, nous montrons que la PinS est une tendance distincte et quantitativement substantielle au sein de la philosophie des sciences, et qu’elle renforce l’idée d'une continuité méthodologique entre la science et la philosophie des sciences.

2 mars 2022 (à Nancy) | Laurent Rollet & Pierre Edouard Bour (Archives Henri Poincaré – AHP-PReST, Université de Lorraine) – voir en ligne

(Presque) tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Henri Poincaré sans jamais oser le demander

Résumé
La littérature sur Henri Poincaré ne manque pas. Ses travaux ont été énormément repris, commentés, critiqués, prolongés dans toutes les disciplines où il a pu apporter une contribution importante. Mais force est de constater que du point de vue des essais biographiques les 20e et 21e siècle se sont apparentés à une période de vache maigre.
Le mathématicien-physicien-philosophe, qu’on a souvent présenté comme le dernier savant universel, n'a suscité que quelques efforts biographiques. Si l’on exclut les nécrologies et les livres d’hommage, les biographies du savant se répartissent, à quelques exceptions près en deux catégories : d’une part, les biographies scientifiques et intellectuelles qui n’abordent pas ou peu sa vie intime, familiale et mondaine ; d'autre part et d’autre part les ouvrages visant à l’édification du lecteur dans lesquels les épisodes de vie peuvent être évoqués mais mis au service d’un discours à la gloire du génie et de la puissance créatrice du savant.
Dans cette conférence, nous proposerons une troisième voie : celle visant à décrire un Poincaré plus intime, dans son quotidien d’enfant, d’étudiant, de savant, de père de famille, de boursicoteur, d’amateur de voyages, d’administrateur de la recherche, etc.
Nous donnerons ainsi à voir les premiers résultats d’une démarche d’écriture originale visant à écrire une biographie d’Henri Poincaré à la première personne du singulier. Elle commencera par une présentation des choix méthodologiques d’une telle démarche et elle se poursuivra par la lecture d’extraits choisis des premiers chapitres de cet essai.

23 mars 2022 (à Nancy) | Mathias Girel (Ecole normale supérieure – Université PSL, Paris / République des Savoirs / Centre Cavaillès) – voir en ligne

Clarté, distinction, confusion : une autre lecture du pragmatisme

Résumé :
La tradition pragmatiste est née dans un texte de Peirce qui expliquait «Comment rendre nos idées claires» (1878).
Si des dizaines d’articles ont été écrits sur la manière dont il fallait comprendre les éclaircissements pragmatistes des notions abstraites, en référence à des « conséquences pratiques », il y a curieusement peu de travail sur ce qui est présupposé par cette maxime : une obscurité à dissiper, une confusion à discipliner.
Dans cette conférence, j’affronte cette question, avec un double but : montrer que suivre ce thème de la confusion fournit un fil conducteur intéressant pour relire la tradition pragmatiste, et au moins les oeuvres de Peirce, James et Dewey, et ensuite qu’elle est au coeur de leurs questions principales : l’enquête, la signification, l’expérience, les revendications morales et la constitution des publics.

27 avril 2022 (à Nancy) | Jean-Baptiste Guillon (Université de Navarre) voir en ligne

Recommencement radical ou retour au sens commun : deux paradigmes du retour méthodologique en méta-philosophie

Résumé
La philosophie de Descartes représente l’archétype d’une démarche de « recommencement radical » ou de « retour à zéro » en philosophie. Quelques décennies plus tard, la philosophie du common sense de Thomas Reid invite à un autre retour : un « retour au sens commun ».
Ces deux démarches de retour méthodologique ne sont pas sans similitudes. Elles partent d’un diagnostic similaire concernant la situation et l’évolution récente de la tradition philosophique : celle-ci se serait empêtrée dans une voie sans issue qui oblige un « retour ». Et face à ce diagnostic elles partagent une même ambition : trouver les bases permettant de fonder une évolution vertueuse et un véritable progrès en philosophie.
Mais malgré ces similitudes, les deux méthodologies s’opposent sur le point de départ auquel elles invitent à revenir : la méta-philosophie cartésienne cherche en effet un nouveau point de départ plus fondamental encore que le simple sens commun ; là où la méta-philosophie reidienne insiste sur l’importance d’un point de départ qui soit véritablement commun. 
Dans cet exposé, je comparerai les deux méthodologies et m’efforcerai de montrer pourquoi la méta-philosophie reidienne est, à mon sens, mieux à même d’atteindre l’ambition de fonder un véritable progrès dans l’évolution de la philosophie académique.

4 mai 2022 (à Strasbourg) | Yves Gingras (Université du Québec à Montréal – UQAM) voir en ligne

La moralisation de la science

Résumé
Ces dernières années, des articles publiés dans des revues scientifiques ont été rétractés sur la base de ce qui semble être des arguments moraux et non pour des raisons techniques.
Des municipalités et des campus ont été sommés de retirer le nom de scientifiques renommés de bâtiments ou de rues en raison de leurs opinions passées sur l'eugénisme ou la race.
Enfin, des agences comme le NIH (National Institutes of Health aux États-Unis) et la NSF (National Science Foundation aux États-Unis) ont introduit des règles pour exclure des comités d'évaluation par les pairs des personnes accusées (mais pas encore condamnées) d'avoir eu un comportement problématique lié à des harcèlements sexuels.
Tous ces exemples pointent une transformation importante de la "structure normative de la science" telle qu'elle a été formulée par le sociologue Robert K. Merton dans les années 1940. Nous analyserons des exemples passés et récents de ce que nous appelons une nouvelle "moralisation de la science" afin de mettre en lumière les effets possibles de cette nouvelle tendance sur la production de connaissances.

11 mai 2022 (à Nancy, en ligne) | Lorraine Daston (Institut Max-Planck d'histoire des sciences – MPIWG)

The Origins of International Governance in Science

Résumé
Faced with two crises of planetary dimensions, climate change and the SARS-CoV-2 pandemic, politicians responded nationally and scientists responded internationally. Why?
Science has been cosmopolitan and collective since at least the seventeenth century, but there’s big difference between exchanging letters, publications, and occasional visits among citizens of the Republic of Letters, on the one hand, and, on the other, subordination of individual and national research traditions, priorities, and practices to binding agreements reached by international disciplinary bodies empowered by no one but themselves. Yet starting in the late nineteenth century, such international governance efforts arise in the sciences (and some of the humanities): chemists meet to decide on rules of nomenclature for new compounds; botanists and zoologists meet to define plant and animal species; astronomers meet to make an astrophotographic map of all stars visible from earth c. 1900; meteorologists meet to agree on a global classification of clouds. Much was at stake: professional reputations, commercial interests in the manufacture of compounds and instruments, institutional interests in the management of specimen collections, research agendas for years or even generations to come. Yet in the end, resolutions were passed and, more significantly, honored for decades, despite the disruptions of war, revolution, decolonialization, and the complete remaking of the geopolitical order in the course of the twentieth century. No diplomatic treaty achieved as much. In the last quarter of the nineteenth century, some scientific disciplines, including astronomy and meteorology, created a template for how international scientific co-operations that laid the groundwork for future international governance.

1er juin 2022 (à Nancy) | Laurence Guignard (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne/INSPE)

L’atelier de l’amateur d’astronomie, entre normes scientifiques et culture alternative

Résumé
Mon intervention s’inscrit dans le prolongement de la publication en cours d’un dossier consacré au monde matériel des amateurs (« L’atelier de l’amateur en science. Une histoire par les objets », Nuncius. Journal of the Material and Visual History of Science, à paraître début 2023). Il s’agit d’appliquer au monde pluriel et mouvant des amateurs les approches matérielles développées depuis les années 1980 par une histoire des sciences renouvelée par l’anthropologie : analyse des pratiques concrètes, des dispositifs techniques, des modalités d’enregistrement et d’inscription propres à l’activité routinière des savants. À côté du monde académique et professionnel, les amateurs sont en effets les producteurs d’un large corpus d’objets scientifiques mal connu, dont les conditions de sauvetage et de conservation sont spécifiques et qui éclairent les compétences, les normes scientifiques, les circulations parfois à longues distances propres à ces réseaux plus ou moins structurés.
Je développerai le cas des amateurs d’astronomie à partir des pratiques d’observation de la Lune développées à la Belle Epoque, notamment dans le cadre de la Société astronomique de France.

8 juin 2022 (à Strasbourg) | Amy Schmitter (University of Alberta) – voir en ligne

A Taste for Friends: Hume on the aesthetics, ethics and happiness of friendship

Résumé 
In his early essay “On the Delicacy of Taste and Passion,” David Hume touts the many advantages of developing one’s taste, ending with the thought that it enables what he calls “solid friendship.” This discussion considers how Hume’s psychology, moral philosophy, and aesthetics connect friendship and the development of  taste, as well as his picture of what constitutes solid friendship. The paper is largely exploratory, but aims to show that Hume takes an “aesthetic” view of friendship, one which makes it both an important ingredient in a happy life and an exercise in selective and distinctive taste. As Hume puts it in “Of the Standard of Taste,” “we choose our favourite author as we do our friend, from a conformity of humour and disposition.”