Icone social AHP

Programme Grandes Conférences 2011-2012

Programme 2011-2012

Le cycle de conférence de l'année universitaire porte à nouveau sur le thème de l'épistémologie sociale.

__________________

Johannes Lenhard (Universität Bielefeld)

Mathematization and Engineering - A Contested Relationship [résumé]
NB: exceptionnellement dans l'amphi A.042 du campus lettres et sciences humaines (Bd Albert 1er)

  • Mercredi 14 décembre 2011
    Harry Collins (Cardiff School of Social Sciences)
    Knowledge as the Property of the Collective [résumé]
  • Mercredi 4 janvier 2012
    Rossana Tazzioli (Université de Lille 1)
    Tullio Levi-Civita, son école et le fascisme des années 1920 [résumé]
  • Mercredi 14 mars 2012
    Paul Egré (Intitut Jean-Nicod, Paris)
    Connaissances partagées et connaissance commune [résumé]
  • Mercredi 28 mars 2012
    Helène Gispert (Groupe d'Histoire et Diffusion des Sciences d'Orsay, EA 1610)
    Attraper les mathématiques par les journaux au temps de la Troisième République [résumé]
  • Mercredi 2 mai 2012
    [NB: changement de date, conférence initialement programmée le 25 avril]
    et changement de salle: A.120, campus lettres et sciences humaines (Bd Albert 1er) à Nancy]
    Olivier Bruneau & Scott Walter (Archives Poincaré)
    Que serait Henri Poincaré sans les archives? [résumé]
  • Mercredi 16 mai 2012
    Yannick Chin-Drian (Archives Poincaré)
    Épistémologie sociale goldmanienne, normativité et valeur de la connaissance [résumé]
  • Mercredi 6 juin 2012
    Jules-Henri Greber (Archives Poincaré)
    A la recherche des savants épistémologues francophones au tournant du XXe siècle: une nouvelle base de données pour les Archives Poincaré [résumé]
  • Mercredi 27 juin 2012
    Boudewijn de Bruin (University of Groningen) -- Conférence ANNULEE
    The logic of inside information

 

__________________

Résumés / Abstracts

  • Mercredi 16 novembre 2011
    Johannes Lenhard (Universität Bielefeld)
    Mathematization and Engineering - a Contested Relationship 

During the last decades of the 19th century, the engineering disciplines changed greatly. At a glimpse, they became scientific - the technological sciences. At a second view, this development involved institutional, social, epistemic, and methodological changes.

The talk will concentrate on the contested role of mathematization in this development. The focus will be on one particular episode, the so-called anti-mathematics movement in the technological sciences in Germany. Two opposing camps faced and each other. One was led by the mathematician Felix Klein who advocated a unified science with a strong bridging role for applied mathematics. The other camp was headed by mechanical engineer Alois Riedler who favored an autonomous position of the technological sciences. The controversy was about social as well as epistemic and methodological issues.

It will be claimed that Riedler’s position, although called anti-mathematics, did not oppose mathematization, rather advocated a certain conception of it - namely an instrumental, and anti-rational-mechanics type of mathematization.

haut

  • Mercredi 14 décembre 2011
    Harry Collins (Cardiff School of Social Sciences)
    Knowledge as the Property of the Collective

I have tried to classify tacit knowledge into three types. Two of these, relational tacit knowledge and somatic tacit knowledge, can sometimes be made explicit, either by changing our social relations, by expressing ourselves in ways that enable a bridge of understanding to form between one person and another or by building machines that mimic what we do. The third kind of tacit knowledge cannot be made explicit – at least not in the foreseeable future. This is what I call ‘collective tacit knowledge’. Collective tacit knowledge is the understanding that enables us to follow rules without knowing the rules of their application; it underpins the ability to perform polimorphic actions as in addition to mimeomorphic actions. Collective tacit knowledge is acquired through embedding in society but we do not really understand how. Cats and dogs and other entities cannot acquire it so there is a clear difference between humans and other entities (a position I refer to as ‘Social Cartesianism’). The most parsimonious way to think about humans is as parasites sucking the blood of collective tacit knowledge from the societies in which they are embedded; take them away from society and they lose their abilities.

haut

  • Mercredi 4 janvier 2012
    Rossana Tazzioli (Université de Lille 1)
    Tullio Levi-Civita, son école et le fascisme des années 1920

Dans cet exposé, je veux considérer la complexité de la notion d'école dans le cas de Levi-Civita et montrer l'influence qu'eurent ses recherches en suivant l'itinéraire de quelques-uns de ses étudiants. Levi-Civita était le membre référent pour l'Italie de l'International Editorial Board et il reçut plusieurs boursiers Rockefeller à Rome. De plus, il organisa avec von Karman le premier Congrès international de mécanique appliquée en 1924. Il était en effet un internationaliste convaincu depuis la Première Guerre mondiale. Ces points amènent à s'interroger sur les relations entre Levi-Civita et le fascisme dans l'Italie des années 1920 et, plus généralement, sur les relations entre les mathématiciens italiens et le fascisme.

haut

  • Mercredi 14 mars 2012
    Paul Egré (Intitut Jean-Nicod, Paris)
    Connaissances partagées et connaissance commune

Le concept de connaissance commune a été introduit par Lewis en 1969 dans son ouvrage "Convention", et formalisé en 1976 par Robert Aumann en théorie des jeux. Pour Lewis comme pour Aumann, la connaissance commune est une notion beaucoup plus exigeante que la connaissance partagée. Pour qu'une proposition soit connaissance commune entre deux individus, on considère qu'il faut non seulement que chacun la sache, mais encore que chacun sache que l'autre la sait, et ainsi de suite. Une critique souvent formulée à l'encontre du concept de connaissance commune est le caractère infinitaire de sa définition, qui jette un doute sur l'atteignabilité de principe de la connaissance commune. Plusieurs manières de contourner ce problème existent, notamment la définition dite par point fixe de la connaissance commune. Dans cet exposé je m'intéresserai à la notion de connaissance commune par approximation (ou connaissance quasi-commune, un concept dû à Rubinstein). La question qui nous intéressera est celle de savoir si, dans la plupart des situations concrètes, il ne suffit pas d'un haut niveau de connaissance partagée, plutôt que d'une connaissance commune à proprement parler, pour qu'il y ait coordination entre les agents.

  • Mercredi 28 mars 2012
    Helène Gispert (Groupe d'Histoire et Diffusion des Sciences d'Orsay, EA 1610)
    Attraper les mathématiques par les journaux au temps de la Troisième République

La presse, les périodiques sont des sources courantes pour l’historien des mathématiques des 19e et 20e siècles. C’est dans les journaux que les mathématiciens publient leurs résultats, que la production mathématique circule ; c’est dans les journaux que l’historien trouve en grande part le matériau sur lequel il travaille, les articles de mathématiques.

Je désire ici inverser d’une certaine façon la perspective. Il ne s’agira pas de regarder ce que certains mathématiciens ont publié dans la presse de leur temps ou ce qui a été publié dans certains domaines des mathématiques, mais de chercher à adopter le point de vue du lecteur abonné à des titres de la presse mathématique et scientifique. Quelles mathématiques a-t-il pu y trouver ? Quels auteurs ou chroniqueurs a-t-il pu lire ? A quelles images des mathématiques a-t-il été confronté ?

Je chercherai à répondre à ces questions plus particulièrement dans le cas de périodiques non spécifiquement mathématiques. J’examinerai ainsi successivement les Comptes rendus annuels de l’Association française pour l’avancement des sciences entre 1872 et 1914, la Revue du Mois (1906-1920), et les deux revues générales de sciences, La Revue générale des sciences pures et appliquées et la Revue scientifique, dans l’Entre-Deux-Guerres. Je chercherai à montrer qu’en "attrapant" les mathématiques par ce biais, on met au jour des enjeux disciplinaires et sociaux nouveaux des mathématiques dans la France de la Troisième République.

  • Mercredi 2 mai 2012
    Olivier Bruneau & Scott Walter (Archives Poincaré)
    Que serait Henri Poincaré sans les archives?

Alors que nous ne pouvons concevoir les Archives Henri Poincaré sans Henri Poincaré, l'inverse est parfaitement concevable, et il fournit même aux historiens l'occasion de réfléchir sur le rapport entre l'image "publique" d'un scientifique de grand renom, disparu il y a un siècle, et celle qui émerge des archives publiques et privées, depuis trente-cinq ans. Qu'est-ce que les archives nous enseignent à propos de la science et de la vie de Poincaré?

Par ailleurs, ces derniers mois ont vu naître plusieurs sites créés par des membres des Archives: "Henri Poincaré: Bibliographie", "Les Nouvelles Annales de Mathématiques: les auteurs". Nous profiterons de l'occasion pour les présenter. En nous appuyant dessus, nous montrerons en quoi ils sont de nouveaux supports à la recherche.

  • Mercredi 16 mai 2012
    Yannick Chin-Drian (Archives Poincaré)
    Épistémologie sociale goldmanienne, normativité et valeur de la connaissance

Dans le cadre d'une épistémologie externaliste et fiabiliste, Alvin Goldman, dans Knowledge and social world, entend insister sur le caractère social de la connaissance (voir aussi Goldman [1994]). Telle qu'il la conçoit, l'épistémologie sociale s'écarte, au moins en partie, de l'épistémologie traditionnelle et, à plus forte raison, des épistémologies internalistes qui imposent à la connaissance un critère d'accessibilité (le sujet sait que p si et seulement s'il sait qu'il sait). A l'inverse, l'épistémologie fiabiliste, et son prolongement dans l'épistémologie sociale d'Alvin Goldman, propose une description de la connaissance dans laquelle un tel critère est superflu.

Mais, dans ces conditions, n'est-ce pas là une manière de sonner le glas de l'épistémologie ? Dans un premier temps, on se demandera en effet en quoi l'épistémologie sociale que propose Alvin Goldman constitue une véritable épistémologie. En quoi cette épistémologie reste-elle une épistémologie normative (irréductible à la simple description des processus/méthodes fiables d'acquisition des connaissances) ? Dans un second temps, nous mettrons l'accent sur certaines réticences que nous pourrions avoir au sujet de l'épistémologie sociale d'Alvin Goldman. Par exemple, certain(e)s pourront trouver particulièrement rebutante l'idée que défend Alvin Goldman selon laquelle la vérité (objective) est le but épistémique principal de la connaissance et le critère grâce auquel l'épistémologue peut/doit évaluer les processus/méthodes d'acquisition des croyances. Une autre difficulté sérieuse de l'épistémologie sociale que nous soulèverons est que cette épistémologie ne semble pas pouvoir rendre compte de la valeur (épistémique) que nous attachons à la connaissance (Zagzebski [1996], [2003]). De manière générale, et contrairement ce que pense Alvin Goldman, une épistémologie sociale qui met l'accent sur les vertus épistémiques des agents est plus à même de rendre compte de la valeur de la connaissance que ne l'est une épistémologie qui ne s'appuie uniquement que sur la notion de vérité et sur celle de fiabilité des processus/méthodes d'acquisition des croyances dans notre monde social. Après tout si l'épistémologie doit être « sociale » et que la connaissance a véritablement plus de valeur que la simple croyance vraie, tout porte à croire que cette valeur se fonde sur les agents épistémiques eux-mêmes qui poursuivent la connaissance au sein d'interactions sociales. L'épistémologie des vertus (ou ses différentes versions) n'est certes pas elle non plus sans difficultés. Néanmoins, nous suggérerons que si un tournant « social » doit être engagé ou renforcé en épistémologie, il est à craindre que celui-ci nous éloignera (malheureusement ou fort heureusement) du projet et des aspirations « naturalistes » qui, dans le sillage de Quine, animent Alvin Goldman en épistémologie (notamment dans Goldman [1979] ; [1986]).

  • Mercredi 2 juin 2012
    Jules-Henri Greber (Archives Poincaré)
    A la recherche des savants épistémologues francophones au tournant du XXe siècle: une nouvelle base de données pour les Archives Poincaré

Après avoir rappelé les thèses habituellement entretenues au sujet du contexte en histoire et philosophie des sciences au tournant du XXe siècle, et dégagé les différentes lacunes rencontrées au sein des études classiques (Boutroux (1908), Parodi (1918), Benrubi (1933)) et contemporaines (Pont (1995, 2007), Brenner (2002), Wagner (2002), Bitbol (2006)) consacrées à ce contexte, nous montrons en quoi une étude quantitative, s’appuyant sur une tradition historiographique particulière, s’avère nécessaire. Nous présentons ensuite les différentes étapes et méthodes qui ont permis de constituer une base de données dont l’enjeu final est de dresser un tableau général et systématique des acteurs et de leur production en histoire et philosophie des sciences entre 1870 et 1930. Enfin, nous examinons certains moments clés dans l’institutionnalisation de l’histoire et de la philosophie des sciences au tournant du XXe siècle.

haut