La lettre d'information des Archives Poincaré (janvier 2021)

Vie du laboratoire

Deux soutenances ce mois-ci pour commencer l'année. Vincent Granata a soutenu le vendredi 8 sa thèse intitulée : L'expressivité du blues : une exploration philosophique, rédigée sous la direction d'Alessandro Arbo (Strasbourg) et Roger Pouivet avec le soutien de l'ISITE LUE (relire la présentation de son projet dans la lettre de juillet-août 2018). Le jeudi 14, c'est au tour de Julien Gautier de défendre son travail sur : Le modèle épistémologique Thomas d’Aquin/Jean Calvin d’Alvin Plantinga :  approche comparée sur la connaissance naturelle de Dieu, rédigé sous la direction de Thierry-Dominique Humbrecht et Roger Pouivet (pour une présentation de son projet, voir plus bas dans cette lettre). Toutes nos félicitations !

Cette année aura lieu la deuxième édition de la Journée Mondiale de la Logique, organisée le 14 janvier, jour anniversaire du décès de Kurt Gödel et de la naissance d'Alfred Tarski, sous l'égide de l'UNESCO, coordonnée par le Conseil International de Philosophie et des Sciences Humaines et la Division of Logic, Methodology and Philosophy of Science and Technology of the International Union of History and Philosophy of Science and Technology : dans ce cadre, nous organisons une table ronde en ligne sur les débuts de la logique mathématique en France, avec des interventions de Jean-Marie Chevalier, Gerhard Heinzmann, Amirouche Moktefi et Oliver Schlaudt, sous la présidence d'Andrew Arana. Le programme et l'accès à l'inscription (obligatoire) sont disponibles en cliquant ici.

Pour rappel, les Journées scientifiques 2021 des Archives Henri-Poincaré auront lieu les 27 et 28 janvier. Ces journées, organisées par Marion Sabel et Julien Borgeon, se tiendront cette année en ligne. Le programme, les résumés et les informations de connexion sont disponibles sur la page dédiée.

Séminaires et groupes de travail

• Séminaire "Psychologie politique : entre philosophie et passions (P4)" : lundi 11 janvier à 18h30, en ligne, Michal Bilewicz (Université de Varsovie), "Hate speech: social, psychological and political consequences"
• Séminaire "Malaise dans la civilisation" : mardi 12 janvier à 16h, en ligne
• Séminaire "Épistémologie sociale & formelle" : mercredi 13 janvier à 13h, en ligne, Marcus Pivato (Paris Université), "New directions in belief aggregation"
• Séminaire de recherche sur les sciences et les technologies : lundi 18 janvier à 17h45, en ligne, Valeriya Chasova (Archives Henri-Poincaré), "Philosophie des symétries en physique et la question de leurs statuts empiriques" [se connecter]

Et toujours à voir ou à revoir sur notre plateforme vidéos :

• Les Grandes conférences
• Le séminaire de recherche sur les sciences et les technologies
• Le séminaire Codes sources
• Le séminaire Philo-Info (OLKI)

Manifestations

Vient de paraître

• Christophe Bouriau & Rémy Poels, "Schopenhauer. Peupler un monde imaginaire pour chasser l’ennui', in Boris Klein, Philippe Martin, Sébastien Roman (éd.), L’Europe des superstitions. Une anthologie : XVIe-XXe siècle, Paris, Cerf, 2020, p. 389-394.
• Céline Fellag Ariouet, “Marie Curie, the international radium standard and the BIPM”, Applied Radiation and Isotopes, Volume 168, February 2021, 109528, https://doi.org/10.1016/j.apradiso.2020.109528
• Roger Pouivet, Recension de Emmanuel Perrier, L’attrait divin.  La doctrine de l'opération et le gouvernement des créatures chez Thomas d'Aquin, Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 2019/4 (Tome 103), 738-741. 
• Stéphane Schmitt, "La description du développement de l’embryon de poulet par Volcher Coiter (1572) : texte traduit en français, commenté et annoté", Revue d'histoire des sciences, 73, 2020/2, 339-361. Article consultable en ligne.
• Jean-Christophe Weber, "La médicalisation de l’existence. Quelques remarques sur ses racines anciennes", Le Sociographe, 72, 2020, 23-35.

Zoom ... sur le projet "Alvin Plantinga, Thomas d’Aquin, Jean Calvin et la connaissance naturelle de Dieu", de Julien Gautier

Le philosophe américain Alvin Plantinga n’est pas très connu du public français et, lorsqu’il l’est, il l’est davantage pour sa contribution au débat épistémologique contemporain et l’élaboration de la notion de garantie que pour ses écrits sur la rationalité de la croyance chrétienne. Pourtant, c’est probablement ce dernier thème qui motive l’ensemble de son œuvre. En 2000, il défendait, dans Warranted Christian Belief, la thèse selon laquelle il n’existe pas d’objections de jure plausibles à la croyance en Dieu qui soient indépendantes d’objections de facto, et il affirmait que si la croyance en Dieu est vraie, alors elle est garantie. Pour illustrer cela, l’ouvrage présentait un modèle dont l’originalité était d’associer deux personnalités difficilement conciliables au premier regard : Thomas d’Aquin et Jean Calvin. Le travail que nous soutiendrons ce mois-ci aux Archives Henri Poincaré, après avoir avoir montré comment ce modèle s’enracine dans la discussion que Plantinga a entamée à la fin des années 60 avec les évidentialistes et les fondationalistes classiques, examine la pensée des deux anciens sur la connaissance naturelle de Dieu, en particulier au moyen des textes auxquels l’auteur se réfère. Cette recherche permet de mettre en évidence l’existence chez eux d’une connaissance spontanée de Dieu, comme celle exposée dans le modèle. Elle montre cependant un certain nombre de différences, voire de contradictions, qui amènent à relativiser l’idée de développement suggéré par l’auteur. Plantinga, s’il revendique, en parfaite conformité avec les anciens, une réflexion philosophique dont les racines plongent dans la foi chrétienne, s’il s’inspire du sensus divinitatis de Jean Calvin ou de la connaissance commune à tous les hommes dont parle Thomas dans sa discussion sur l’évidence de Dieu ou sur la béatitude de l’homme, développe essentiellement un modèle sur des idées qui lui sont propres. Que ce soit l’articulation de la croyance naturelle de Dieu et du péché originel, qui ne s’accorde ni avec la doctrine de Calvin ni avec celle de Thomas, ou que ce soit l’insistance sur une faculté naturelle, distincte des sens et de la raison, ayant Dieu pour objet propre, ou encore la défense d’une connaissance somme toute trop distincte pour pouvoir émerger spontanément sans intervention d’une grâce surnaturelle, on trouve des arguments sérieux pour montrer que l’auteur a davantage fait œuvre de créateur que de continuateur. Thomas d’Aquin et Jean Calvin sont plus des modèles à suivre pour les philosophes chrétiens aux prises avec le naturalisme qu’ils ne sont les initiateurs de la conception de la connaissance naturelle de Dieu dont Plantinga se fait le défenseur.

Visiter la page de Julien Gautier

 

 

Prochaine lettre en février 2021 -- Vous pouvez également vous inscrire à notre liste de diffusion

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