Après le succès des Journées PsyPhINe 2015 "Tentatives, Tentations, Intentions" et des Journées 2016 "Projections, Interactions, Emotions", le groupe PsyPhINe organise ce nouvel atelier, ouvert aux enseignants-chercheur.e.s, aux étudiant.e.s comme au grand public.
Entrée libre dans la limite des places disponibles, inscription obligatoire: formulaire en ligne ici
Plan d'accès au Campus Lettres et Sciences Humaines
Mercredi 15 novembre 2017
14:00. Ouverture
14:10-15:10 – Charles Tijus (Laboratoire "Cognitions Humaine et Artificielle" - CHArt, Université Paris 8)
15:10-16:10 – Samuel Bianchini ( , ENSADLab)
Behavioral Objects. Concevoir en expérimentant : comment des objets en mouvement nous proposent ce qu'ils pourraient être ?
16:10 Pause
16:30-17:30 – Groupe PsyPhINe (MSH Lorraine, Nancy)
Du tangram au marché de producteurs, expérimenter l'interaction ?
Jeudi 16 novembre 2017
10:00-11:00 – Laboratoire 2LPN - équipe CEMA
11:00-12:00 – Arnaud Revel (Université de La Rochelle)
Approches interdisciplinaires : exploration de l'interaction non-verbale comme outil de communication en robotique
12:00 Pause repas
14:00- 15:00 – Alexandre Pitti (Université de Cergy-Pontoise)
15:00- 16:30 - Discussion générale
Samuel Bianchini (
Behavioral Objects. Concevoir en expérimentant : comment des objets en mouvement nous proposent ce qu'ils pourraient être ?
Comment attribuer à des objets non figuratifs une personnalité traduite par une dimension comportementale afin de stimuler une relation “homme / objet” d'abord basée sur l'émotion et l'empathie plutôt que sur une finalité utilitaire ? Dans la mesure où ces objets robotisés non-anthropomorphiques, non-zoomorphiques et, plus largement, non-biomorphique ne disposent pas a priori de capacités expressives par leur forme, comment leur attribuer un caractère comportemental, voire vivant, si ce n'est par leur animation c'est-à-dire leur qualité de mouvement ? À partir de cette problématique, nous développons depuis plusieurs années un projet de recherche pluridisciplinaire alliant sciences de l'ingénieur (robotique), art, sciences cognitives, anthropologie, philosophie et sciences des matériaux. Ce projet nous a amené à proposer la notion d'objets à comportements (Behavioral Objects).
Dès lors, comment concevoir de tels objets avec une approche artistique, dans une démarche de recherche-création basée sur la pratique ? S'il s'agit de renverser les points de vue et de considérer davantage l'agentivité des objets et des matériaux : comment faire ? Comment concevoir en faisant, en expérimentant, pour apprendre des objets, dans l'action ?
C'est cette situation qui est recherchée dans les nombreux workshops mis en place grâce au kit de robotique modulaire - le MisB KIT-, développé par l'équipe de recherche et de création Reflective Interaction à EnsadLab. Et c'est à partir de cette situation expérimentale que plusieurs projets de création sont nés et dont il est intéressant de retracer la genèse pour mieux comprendre comment de tels objets “se conçoivent”.
L’initiation de la marche est un mouvement volontaire réalisé au quotidien afin de se mettre en mouvement et répondre à différentes intentions : aller vers une personne que l’on connaît afin de la rencontrer ou pour lui venir en aide, décider de traverser la route sur un passage piéton au moment opportun. Les études biomécaniques classiques ont largement étudié ce mouvement chez l’adulte sain dans des conditions non émotionnelles. Les résultats montrent que ce mouvement met en jeu une coordination complexe entre la posture et le mouvement, qui, si elle n’est pas réalisée efficacement, peut entraîner une difficulté pour avancer, comme le comportement de « freezing » observé chez le patient parkinsonien, ou même la chute, observée par exemple avec le vieillissement normal. Récemment, il a été mis en évidence chez le jeune adulte sain que l’initiation de la marche pouvait avoir une composante émotionnelle. Les plan et programme moteurs, reflétant l’intention du sujet et sa mise en œuvre, respectivement, sont modulés selon le contexte émotionnel dans lequel le mouvement est produit, comme la présence d’une information visuelle plaisante ou déplaisante. Ces résultats prolongent ceux obtenus jusqu’à présent sur des mouvements plus simples, comme la pression d’une touche de clavier d’ordinateur ou l’action de tirer/pousser un levier vers ou loin du « soi ». Ces résultats s’inscrivent dans le cadre de la théorie biphasique des émotions et reflètent les tendances à l’approche et à l’évitement induites dans des contextes respectivement plaisant et déplaisant.
Si un dispositif robotisé devait reproduire ou simuler le mouvement corporel humain, alors certaines conditions devraient être respectées, allant de la détection et du jugement d’une information émotionnelle présente dans l’environnement jusqu’à la production d’un mouvement intentionnel intégrant les tendances à l’approche-évitement.
Alexandre Pitti (Université de Cergy-Pontoise)
Groupe PsyPhINe (MSH Lorraine, Nancy)
Du tangram au marché de producteurs, expérimenter l'interaction ?
Né en 2011 des échanges entre des chercheur·e·s en intelligence artificielle, en psychologie, en philosophie, en neurosciences, en socio-linguistique et en anthropologie autour de la cognition naturelle et artificielle, le groupe PsyPhiNe s'est engagé dans l'élaboration d'une série d'expériences permettant de mieux saisir les dynamiques d'attribution fréquemment observables lors des interactions entre humains et machines, ou de manière plus large lors des rapports interspécifiques. Ces expériences visent en quelque sorte à neutraliser la forme humaine à laquelle la plupart des travaux de recherches en robotique dite sociale font explicitement ou implicitement référence, lorsqu'elles s'appuient notamment sur le langage ou sur l'utilisation d'un registre de symboles partagés par les interactants en situation expérimentale.
Que se passe-t-il lorsqu'on tente d'enlever, dans la forme comme dans les actes, toute référence symbolique aux comportements humains ? Prêtera-t-on tout aussi facilement que nous semblons le faire lorsque nous sommes confrontés à quelque chose qui nous ressemble, une intériorité, des sentiments et pourquoi pas de la conscience à un objet, ainsi que le suggèrent les travaux menés dès le milieu des années 1940 par Fritz Heider et Marianne Simmel ? Pour tenter d'apporter un début de réponse à ces questions, les expériences conduite par le groupe PsyPhiNe s'appuient sur la mise en présence de participants humains et d'un objet animé, une lampe robotisée créée au printemps 2015, inspirée à la fois par le projet Pinokio d'Adam Ben-Dror et Shanshan Zhou, et du court métrage d'animation Luxo Jr réalisé en 1986 par John Lasseter pour la société de production américaine Pixar Animation Studios.
Notre intervention reviendra sur les enjeux qu’implique une telle perspective interdisciplinaire et présentera quelques résultats des expériences qui ont été menées jusqu’ici.
Approches interdisciplinaires : exploration de l'interaction non-verbale comme outil de communication en robotique
Les travaux de la psychologue du développement Jacqueline Nadel [Nadel 1986] ont montré que l'imitation avait non seulement une fonction d'apprentissage, mais aussi une fonction de communication. Dans cet exposé je montrerai comment avec elle et d'autres collègues nous avons exploré la possibilité d'utiliser cette synergie dans le contexte de la robotique autonome avec des aspects à la fois théoriques [Revel et Andry 2009] mais aussi des applications à la modélisation du développement de l'enfant [Revel et Nadel 2007] ou à la proposition de thérapies dans le domaine de l'autisme. Ces travaux ont par ailleurs trouvé une résonance dans un autre travail interdisciplinaire mené avec l'artiste Emmanuelle Grangier, qui a débouché sur des performances chorégraphiques impliquant un robot et une danseuse [collectif Van Dieren 2014]. Plus récemment, des travaux visant à introduire des robots dans les musées pour faciliter la médiation culturelle avec les jeunes publics a montré l'importance de l'accord entre la communication verbale et gestuelle [Mondou, Prigent, Revel à paraitre]. Cela nous a amenés à construire un projet avec une entreprise de coaching qui permettrait d'explorer l'influence des dissonances verbe/geste sur la perception de l'interaction avec un robot.
Charles Tijus (Laboratoire "Cognitions Humaine et Artificielle" - CHArt, Université Paris 8)
Manifestation organisée par le Groupe PsyPhINe, avec le soutien de :
- Projet PsyPhINe (MSH Lorraine 2016-2017)
- MSH Lorraine (USR3261)
- ATILF (UMR 7118)
- LHSP - Archives Henri-Poincaré (UMR7117)
- Loria (UMR7503)
- Université de Lorraine