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Programme Grandes Conférences 2016-2017

Les conférences se déroulent de 17h00 à 19h00 dans la Salle Internationale de la Maison des Sciences de l'Homme de Lorraine (91 avenue de la Libération, Nancy, 3e étage, salle 324). NB: en raison du plan Vigipirate, il est impératif d'entrer dans le bâtiment avant 16h30.

Les Grandes conférences sont organisées par les Archives Henri Poincaré, le Département de Philosophie de l'Université de Lorraine à Nancy, la Maison des sciences de l'homme Lorraine et l'Institut universitaire de France.

 

12 octobre 2016
Françoise Waquet (Centre d'étude de la langue et des littératures françaises, CNRS, Paris Sorbonne)
"Une histoire matérielle de la culture savante, 16e-21e siècle: problèmes, méthodes, résultats" [résumé]

9 novembre 2016
Jonathan Simon (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré)
"Le médicament comme objet technique : réflexions sur la philosophie des techniques" [résumé]

14 décembre 2016
Christophe Eckes (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré)
"Expliquer et comprendre les accommodements de mathématiciens français avec l'occupant (1940-1944)" [résumé]
      Conférence commune au cycle de conférences débats de l'axe 3 de la MSH Lorraine "Comprendre / Expliquer / Excuser ?"

11 janvier 2017
Stéphanie Ruphy (Université de Grenoble Alpes, Laboratoire Philosophie, pratiques & langages)
"L'imprévisibilité en science : un argument pour la liberté de recherche ?" [résumé]

15 mars 2017
Jonathan Barnes (University of Oxford, Université de Genève, Université de Paris IV-Sorbonne)
"Une conception aristotélicienne de la preuve" [résumé]

29 mars 2017
Elisa Grimi (Executive-Director of the European Society for Moral Philosophy)
"The Banality of Goodness. Christianism and Europe Today" [résumé]

26 avril 2017
Wioletta Miskiewicz (CNRS, Archives Poincaré, Archives e-LV)
"Digital humanities. Méditations métaphysiques" [résumé]

10 mai 2017
Pierre Ageron (Université de Caen, Laboratoire de mathématiques Nicolas Oresme & Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques de Basse-Normandie)
"La circulation des mathématiques européennes dans le Maghreb précolonial" [résumé]

14 juin 2017
Martine Paindorge (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré), Flora Delorme et Simon Paye (Université de Lorraine, 2L2S), Antoine Brichler et Simon Edelblutte (Université de Lorraine, LOTERR)
"Un corpus pluridisciplinaire pour les chercheurs et le grand public : l'exemple du projet BataLab" [résumé]

CONFERENCE ANNULEE

1 juin 2017
Michael Detlefsen (Université Notre-Dame, département de philosophie)
"Formalism: Consistency, Rigor and the Observation of Reasoning" [résumé]

CONFERENCE ANNULEE

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Résumés / Abstracts

 

12 octobre 2016

Françoise Waquet (Centre d'étude de la langue et des littératures françaises, CNRS, Paris Sorbonne)
"Une histoire matérielle de la culture savante, 16e-21e siècle: problèmes, méthodes, résultats"

C’est une histoire matérielle de la culture savante entre XVIe et XXIe siècle que je présenterai, en développant, sur la base d’exemples concrets tirés de l’ordinaire de la science, les trois points suivants : 1)/ Les savants, quelles que soient les disciplines, manient, dans la production et la communication des savoirs, un outillage aussi imposant que divers, s’accroissant au fil du temps. S’ajoutent, nombreuses, les ressources qu’ils apportent avec eux, celles de leurs sens éduqués ou encore magnifiés par de multiples instruments. 2°/ Les configurations que ces outils créent entre écrit, image, parole, regard, geste, instrument, etc., révèlent le caractère mixte, multimédia et multisensoriel, de l’ordre du savoir. 3°/ Ces outils et leur emploi s’accompagnent à l’occasion de discours. Un argumentaire de fond se dégage, répondant aux exigences d’une société toujours affrontée à l’abondance de l’information et au manque de temps. Cela amènera aux conclusions suivantes : les outils de travail ne sont pas que de simples à-côtés des idées ; leur maniement combiné relativise l’interprétation commune d’une radicalité des mutations technologiques et des révolutions cognitives qui en découleraient ; la fabrique des connaissances mêle aux idéaux de l’objectivité scientifique des éléments relevant de l’ordre sensible.

 

9 novembre 2016
Jonathan Simon (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré)
"Le médicament comme objet technique : réflexions sur la philosophie des techniques"

Quand on pense aux objets techniques on pense plus volontiers aux voitures ou aux téléphones portables qu’aux médicaments. Dans cette présentation je considérerai ce qu’on peut apprendre de l’exercice consistant à penser les médicaments comme des objets techniques. Autour de l’exemple de la sérothérapie contre la diphtérie, je mobiliserai un modèle d’analyse développé dans la philosophie de la technique contemporaine (Andrew Feenberg, Questioning Technology, 1999) pour examiner la question. Mettant en exergue l’efficacité comme élément clé pour la viabilité d’un médicament, nous verrons ce qu’une telle approche philosophique peut apporter aux débats actuels autour des médicaments.

 

14 décembre 2016
Christophe Eckes (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré)
"Expliquer et comprendre les accommodements de mathématiciens français avec l'occupant (1940-1944)"
      Conférence commune au cycle de conférences débats de l'axe 3 de la MSH Lorraine "Comprendre / Expliquer / Excuser ?"

Nous nous appuierons tout d'abord sur quelques exemples de biographies tronquées ou de témoignages très parcellaires datant de l'immédiat-après guerre pour montrer que les itinéraires de mathématiciens français sous l'Occupation sont restés largement méconnus jusque-là. Nous présenterons ensuite un bref état des lieux des fonds d'archives disponibles pour aborder les relations scientifiques et politiques entre mathématiciens français et allemands durant cette période. Ceci fait, nous entendons souligner la pertinence du concept d'accommodement introduit par l'historien Philippe Burrin afin d'expliquer les trajectoires de certains mathématiciens français et comprendre les raisons qui les conduisent à répondre à certaines sollicitations émanant de l'occupant. Nous essaierons d'ailleurs d'établir une vision synoptique des différentes formes d'accommodement que nous avons rencontrées, en nous appuyant sur une série de pièces qui viennent documenter les parcours de mathématiciens tels que Gaston Julia, Jean Dieudonné, Jean Leray, Henri Pailloux, Christian Pauc, Charles Pisot ou encore Frédéric Roger. Pour finir, nous montrerons en quoi cette étude nous éclaire sur les rapports entre explication et compréhension dans les sciences historiques ou sociales.

 

11 janvier 2017
Stéphanie Ruphy (Université de Grenoble Alpes, Laboratoire Philosophie, pratiques & langages)
"L'imprévisibilité en science : un argument pour la liberté de recherche ?"

Le caractère imprévisible du développement et des résultats d’une enquête scientifique est souvent invoqué pour défendre une recherche libre, désintéressée, guidée par la seule curiosité, en contraste avec une recherche finalisée par des objectifs pratiques. Nous allons examiner les présupposés qui sous-tendent cette défense et proposerons plusieurs conditions qui favorisent la genèse de résultats inattendus en science. Nous nous interrogerons ensuite sur les types d’organisation de la science qui remplissent au mieux ces conditions. 

 

15 mars 2017
Jonathan Barnes (University of Oxford, Université de Genève, Université de Paris IV-Sorbonne)
"Une conception aristotélicienne de la preuve"

Selon les Seconds Analytiques d’Aristote, une preuve (en grec : une ἀπόδειξις) est un syllogisme savant (un συλλογισμὸς ἐπιστημονικός) ; et un syllogisme est savant s’il est tel que celui qui le possède, par le fait qu’il le possède, sait quelque chose (il sait ce que la conclusion du syllogisme énonce). Or, on sait que P, selon Aristote, si (a) on saisit la cause pourquoi P, et (b) il est nécessaire que P. Il en suit, toujours selon Aristote, que pour être savant un syllogisme doit se fonder sur des prémisses qui sont vraies et nécessaires et premières et immédiates et aussi plus connues que la conclusion et antérieures à elle et explicatives d’elle. Cette conception ‘officielle’ de la preuve contient des éléments qui sont difficiles à comprendre ; et de plus elle soulève plusieurs gros problèmes, et dans un contexte aristotélicien et dans un contexte plus large. D’abord, dans les Topiques et aussi dans les Seconds Analytiques eux-mêmes, Aristote propose ou présuppose une conception différente, ou même des conceptions différentes — ce qu’Alexandre d’Aphrodise a reconnu dans son commentaire. Ensuite, d’autres philosophes grecs (les Stoïciens, Galien, …), tout en acceptant qu’une preuve est un syllogisme d’un certain type, ne sont pas d’accord avec les conditions que doivent satisfaire les prémisses d’une preuve, et cela en partie parce qu’ils n’acceptent pas la conception aristotélicienne du savoir. Mon exposé vise à présenter quelques-uns de ces problèmes et (peut-être) à proposer quelques solutions.

 

29 mars 2017
Elisa Grimi (Executive-Director of the European Society for Moral Philosophy)
"The Banality of Goodness. Christianism and Europe Today"

During the last decades we have witnessed on beside of Catholics a strong invitation to dialogue, to open up to otherness, to a global culture, to an international society. Such invitation has been often taken as legitimate and welcome. Nevertheless the echo of such exhortation has often dimed its very origin: dialogue in Europe has become almost fashionable for which it is possible to take the symbol of the cross away from the classrooms, assign custody of children to couples of the same sex, decide of life and death of living beings as if such life or death were so nominated as something well known. If the wind of renewal has brought a relevant progress at a social level, maybe we should pay some attention to what “renewal” is exactly, thanks to what the old may become new. Europe is characterized for its romanity and refers to an origin other than itself. Roman culture, to use an image of Rémi Brague, is like an aqueduct, unthinkable without a gradient.it is set between two points, a mountain and a valley, it recovers the old and conducts to the new. He writes: «With reference to Europe (...), there is a trait, which may be exclusive, that it may claim by right, and is, in any case, what nobody denies as its own. It is Romanity. Or, more precisely Latinity. “Romanity” was claimed before: first by Byzantium, as continuation of the Roman Empire of the Orient, and “second Roma”, then by Moscow, also claiming the title of “third Rome”. It was claimed also by the Ottoman Empire, with the sultan of Istanbul who demanded, with the title of “Sultan of Rome” to be the heir of the won over emperors of Constantinople. But no one except Europe wanted to have anything to do with Latinity». The Latin culture in this sense would be the main trait characterizing Europe, its proper to both Greek and Jewish, from which derives its name. Turning to look at the European situation, it is difficult to find a reference to Athens and Jerusalem. The secondarity of the Roman culture compared to the Jewish and Greek one seems to have faded over the centuries. As title of numerous recent studies in philosophical and sociological fields appears the word “secularization”, a real and true process that would sweep away and transform western societies. In this brief talk I will analyze the transformation of Europe and the role of the Christian tradition.

 

26 avril 2017
Wioletta Miskiewicz (CNRS, Archives Poincaré, Archives e-LV)
"Digital humanities. Méditations métaphysiques"

Ce que je considère dans la transformation de notre monde par les technologies de communication et d'information (ICT), ce ne sont pas les modifications de nos modes de vie et de travail, mais la vie même, résultat de ses transformations. Comme tout le monde, j'admire ces brillantes technologies alors qu'il faudrait peut-être les condamner, ou au moins, les soumettre à l'examen. Éblouis, nous oublions de le faire. Comme il est impossible de rester en retrait, nous essayons de ne pas trop y penser, d’oublier le fait que la nature globale du digital implique d'une manière intime et envahissante, majoritairement à leur insu, tous les humains. Or, sans nous en apercevoir, nous sommes devenus des moments, et plus précisément des documents, d'un flux global d'information.

Malgré les lanceurs d'alerte, la conscience de ce phénomène global reste étonnamment restreinte. Dans des milieux académiques domine encore majoritairement l'opinion selon laquelle, même si nous avons à faire avec un changement important, ce changement est limité aux technologies du soutien pour le travail intellectuel, que nous vivons une modification comparable à l'apparition de l'imprimerie. Sans impact décisif sur les contenus. Je souhaite montrer que ce n'est pas le cas. Le numérique constitue une rupture épistémologique comparable non pas à l'invention de l'imprimerie mais à l'invention de l'écriture. Cependant, ce fait même est, d'une manière assez inattendue, porteur d'une ouverture professionnelle pour les disciplines SHS. A condition que les humanistes deviennent les acteurs actifs et incontournables des transformations en cours.

Pourquoi les méditations "métaphysique" ? Parce que la révolution numérique a produit un autre monde de vie : onlife (Floridi, 2007). En tant que témoin et acteur des humanités numériques, j'ai vue comment l'onlife dans les sciences a changé l'écriture, la publication, l'archivage, la communication, l'enseignement et même l'expérimentation. L'onlife change le statut ontologique des sources et, en général, le statut ontologique de l'objet dans les sciences, en modifiant la nature-même de l'objectivité. En six parties, je parlerai de la rupture, de la métaphysique, du monde de la vie digital (infosphère, onlife), de l'apparition d'une discipline (Digital Humanities vs.Humanités Numériques), du statut ontique des sources (Digital Archive Document/Digital Research Document) et, pour finir, de la nouvelle perspective qui s'ouvre devant les étudiants en SHS dans ce chamboulement inédit.

 

10 mai 2017
Pierre Ageron (Université de Caen, Laboratoire de mathématiques Nicolas Oresme & Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques de Basse-Normandie)
"La circulation des mathématiques européennes dans le Maghreb précolonial"

De Marrakech à Tunis, de Tlemcen à Kairouan, de Fès à Bougie, le Maghreb médiéval a cultivé et valorisé l’étude des mathématiques. À partir du XVe siècle, comme dans tous les pays musulmans, leur valeur a été relativisée et leur enseignement s’est étiolé. Dès le XVIIIe siècle cependant, des fragments de mathématiques "modernes" européennes s'y frayaient un chemin. Dans la Régence d'Alger, le phénomène fut stoppé très tôt par la conquête française. Les sultans alaouites du Maroc et les beys husseinites de Tunis lancèrent d'audacieuses politiques de réforme et de modernisation, dont les sciences mathématiques furent un élément clef. Parmi les questions qui seront abordées dans la conférence : les modèles turc et égyptien, la médiation des renégats, les traductions en arabe et le problème du lexique, le débat sur l'utilité et la légitimité religieuse, l'appropriation active et l'hybridation des traditions, l'œuvre des missions militaires étrangères. Au cours de l'exposé seront présentés de nombreux documents très peu connus, dont certains, comme les manuscrits mathématiques de l’intellectuel tunisien Sulaymân al-Harâ’irî, seront signalés pour la première fois.

 

14 juin 2017

Martine Paindorge (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré), Flora Delorme et Simon Paye (Université de Lorraine, 2L2S), Antoine Brichler et Simon Edelblutte (Université de Lorraine, LOTERR)
"Un corpus pluridisciplinaire pour les chercheurs et le grand public : l'exemple du projet BataLab"

Le projet de recherche BataLab vise à comprendre le fonctionnement et l'évolution de Bataville, ville-usine fondée en Lorraine dans les années 1930 par Tomáš Baťa, industriel de la chaussure. Des sociologues, des historiens, des géographes travaillent ensemble, à partir d'un corpus diversifié. Des archives industrielles privées, des archives personnelles, des plans, des photographies, des films sont collectés tandis que des entretiens semi-directifs et des relevés cartographiques et paysagers sont réalisés. L'ambition est de partager ce corpus pluridisciplinaire et les résultats des analyses, non seulement entre les différents chercheurs, mais aussi de l'ouvrir à un public plus large.  Lors de la conférence, nous rappellerons d'abord quelques éléments généraux concernant le site de Bataville et l'entreprise Bata. Puis nous expliciterons le processus mis en œuvre, depuis la collecte jusqu'à la diffusion visée avec partage des données brutes ou produites. Au delà d'une description, il s'agit d'une réflexion sur les choix méthodologiques, technologiques opérés en tenant compte des différentes contraintes, notamment juridiques, humaines et financières. Nous présenterons enfin quelques résultats obtenus depuis le début de la recherche en décembre 2016.

 

21 juin 2017
Michael Detlefsen (Université Notre-Dame, département de philosophie)
"Formalism: Consistency, Rigor and the Observation of Reasoning"

A central element of modern formalism is its promotion of consistency as a criterion of acceptance for a body of reasoning. What is commonly called the consistency problem for a body of reasoning is the problem of establishing, by appropriate means, its consistency. To solve (and even to formulate) such a problem, requires identification of the "body of reasoning whose consistency is in question”. This raises the question of how bodies of reasoning are to be identified. This is the question that will chiefly concern me in this talk.

 

Grandes conférences des années précédentes :

Programme de l'année 2015-2016
Programme de l'année 2014-2015
Programme de l'année 2013-2014
Programme de l'année 2012-2013
Programme de l'année 2011-2012
Programme de l'année 2010-2011
Programme de l'année 2009-2010
Programme de l'année 2008-2009
Programme de l'année 2007-2008

Contact : Laurent Rollet