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Le Bureau des longitudes (1795-1930) : contexte national et international

Mardi 12 novembre 2013 - 09:00 - Mercredi 13 novembre 2013 - 17:00
Nancy, MSH Lorraine, salle internationale (324)
Argumentaire: 

Entre le XVIIIe et le début du XXe siècle, le Bureau des longitudes étudia une grande variété de thématiques qui se développèrent à partir du problème de la détermination de la longitude en mer et qui concernent : l’astronomie, les sciences mathématiques, la mécanique céleste, la géodésie et la cartographie, les sciences de la terre, le développement des techniques ... Diverses études ont été produites sur ces disciplines spécifiques et certains de leurs acteurs, sur le fonctionnement des instruments utilisés en cartographie et en géodésie, sur les techniques et les méthodes employées dans l’analyse des données : citons, à titre d’exemple, l’étude des grandes opérations de mesure d’un arc de méridien ou de parallèle terrestre, ou les opérations de ‘jonction cartographique’ des territoires par télégraphie (optique et électrique), ou encore l’histoire institutionnelle de certains observatoires astronomiques nationaux.

Ces études restent pourtant très disjointes les unes des autres et, surtout en ce qui concerne le contexte français, ne mettent pas suffisamment en évidence le rôle central joué par le Bureau des longitudes en tant que promoteur et coordinateur de ces diverses entreprises scientifiques. Cette situation s’explique, au moins en partie, par le manque d’études consacrées à l’histoire de cette institution.

Ces journées visent à étudier,  à une échelle internationale, la conception unifiée des savoirs perpétuée au sein du Bureau des longitudes. De même, elle vise à mieux inventorier un patrimoine archivistique dispersé et méconnu. Sur ce point, la confrontation avec les collègues étrangers sera essentielle en permettant de confronter les sources et les méthodes d’analyse mobilisées dans leurs différents travaux.

Participants: 
  • Guy Boistel (Centre François Viète)
  • Nicole Capitaine (Bureau des Longitudes)
  • Suzanne Débarbat (Bureau des longitudes)
  • Karel Davids (Vrije Universiteit Amsterdam)
  • Richard Dunn (NMM-Greenwich)
  • Jean-Marie Feurtet (Montpellier)
  • Fernando B. Figuereido (University of Coimbra)
  • Rebekah Higgitt (Kent University)
  • Colette Le Lay (Centre François Viète)
  • Simon Schaffer (Cambridge University)
Programme: 

12 NOVEMBRE 2013

9h00-9h15 : accueil-café

9h15-9h30 : Introduction : Martina Schiavon, Université de Lorraine (LHSP-AHP).

9h30-10h00 : Guy Boistel, Centre François Viète, « Exploration des archives du Bureau des longitudes - Du (presque) bénévolat à la professionnalisation : l'évolution du statut des calculateurs de la Connaissance des Temps, 1795-1914 ». [résumé]

10h15-10h45 : Jean-Marie Feurtet, Conservateur de bibliothèque, Montpellier, « L'observatoire de Marseille, succursale du Bureau des longitudes (1790-1850) ». [résumé]

11h00-11h30 : pause-café

11h30-12h00 : Colette Le Lay, Centre François Viète, « Le Bureau des longitudes et la diffusion de l'astronomie (1795-1880) ». [résumé]

12h15-12h45 : Fernando B. Figueiredo, post-doctorant, University of Coimbra, «Les longitudes et les Éphémérides Astronomiques de l'Observatoire Astronomique Royale de l'Université de Coimbra (pendant la période de 1803 et 1845)». [résumé]

13h00-14h30 : pause déjeuner

14h30-15h00 : Karel Davids, Professor, Vrije Universiteit Amsterdam, “Jacob Florijn and the Longitude Committee (1787-1818)”. [résumé]

15h15-15h45: Suzanne Débarbat, astronome honoraire - Observatoire de Paris - Bureau des longitudes, « Le Bureau des longitudes, institution pérenne depuis 1795 ». [résumé]

16h00-16h15 : pause-café

16h15-17h45: Nicole Capitaine, astronome - Observatoire de Paris – Bureau des longitudes, « Le Bureau des longitudes en 2013: activités, missions et projets ». [résumé]

17h45-18h00 : Discussion.

 

13 NOVEMBRE 2013

9h15-9h30 : accueil-café

9h30-10h00 : Simon Schaffer, Professor, University of Cambridge, "Newton and the Longitude". [résumé]

10h15-10h45 : Rebekah Higgitt, Lecturer, University of Kent, “French influence: the Board, the Bureau and the 1818 Longitude Act”. [résumé]

11h00-11h30 : pause-café

11h30-12h00 : Richard Dunn, Senior Curator and Head of Science and Technology, National Maritime Museum - Greenwich, “From Board to broadband: The value of mass digitization”. [résumé]

12h15-12h30 : Conclusion : Martina Schiavon et Laurent Rollet (AHP-Université de Loraine).

12h30-13h00 : Discussion générale.

Résumés: 

Guy Boistel (Centre François Viète)

Exploration des archives du Bureau des longitudes - Du (presque) bénévolat à la professionnalisation : l'évolution du statut des calculateurs de la Connaissance des Temps, 1795-1914

Avant 1759, la rédaction de la CDT est confiée à un astronome adjoint de l'Académie royale des sciences qui s'acquitte seul de cette tâche. Avec la désignation de Lalande à la tête des éphémérides française, la situation change. Lalande délègue les "tâches pénibles" et confie tout ou partie des calculs à un grand nombre de calculateurs auxiliaires placés sous la responsabilité de Nicole-Reine Lepaute. Les successeurs de Lalande, Edme Jeaurat et Pierre Méchain continueront d'employer certains de ces auxiliaires jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Le premier poste de calculateur officiel pour les tables des distances lunaires est créé sous la direction de Jeaurat et attribué à Cornelier-Lémery. Lorsque le Bureau des longitudes est créé en 1795, Lalande poursuit la politique de recrutement d'auxiliaires et d'emplois précaires déjà menée quelques années auparavant. Cette situation va plus ou moins perdurer jusqu'en 1872. Sous les actions conjuguées d'Hervé Faye et de Maurice Loewy, de véritables postes de calculateurs sont créés, assortis d'une progression de grade, de salaire et d'accès à la retraite, qui se poursuivra au cours du XXe siècle.

L'exposé montre comment une exploration approfondie des divers fonds archivistiques du Bureau des longitudes français permet de reconstruire cette histoire, de comprendre comment s'organise la gestion matérielle de la "Connaissance des Temps" depuis 1760 jusqu'en 1914 environ, et de retracer le parcours de quelques uns des calculateurs remarquables du Bureau.

Nicole Capitaine (Bureau des longitudes)

Le Bureau des longitudes en 2013 : activités, missions et projets.

Les activités et les missions du Bureau des longitudes, traditionnellement liées à l’astronomie, la géodésie, la géophysique, la navigation et la métrologie, se sont poursuivies sans aucune interruption depuis sa création, il y a plus de deux siècles, tout en s'adaptant à l’évolution de ces disciplines. Ses activités et missions actuelles concernent les éphémérides astronomiques, dont il assume la responsabilité, l'élaboration d'avis sur des sujets scientifiques d’actualité, la préparation de séries de conférences et de Journées scientifiques, ainsi que la réalisation d’ouvrages et l’organisation de colloques. Cet exposé décrira le fonctionnement et les projets du Bureau des longitudes aujourd'hui, en insistant sur les domaines qui se placent dans la continuité de ceux de ce Bureau à sa création. L'exposé décrira également le projet scientifique du groupe de travail du Bureau des longitudes mis en place en 2013 dans le cadre du projet de numérisation des procès-verbaux, mené en partenariat avec l'Observatoire de Paris, le LHSP - Archives Henri Poincaré, la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine et la Fondation Paris Sciences et Lettres (PSL).

Suzanne Débarbat (Bureau des longitudes)

Le Bureau des longitudes, institution pérenne depuis 1795.

La Loi du 7 messidor an III, créant le Bureau des Longitudes, ne mentionne, curieusement, pas ce dernier mot, au singulier comme au pluriel. Pourtant, dans son discours du même jour, l'abbé Grégoire avait, entre autres choses, précisé que sans l'Astronomie, la Géographie serait encore au berceau ; comment être géographe sans latitudes et sans longitudes ! Le règlement de l'époque, qui fait suite, n'est pas plus précis, ouvrant ainsi un champ élargi à ce Bureau. C'est probablement ce qui, de décret en décret, et de règles en règles, lui a permis d'évoluer tout en conservant sa pérennité sur plus de vingt décennies.

Karel Davids (Vrije Universiteit Amsterdam)

Jacob Florijn and the Longitude Committee (1787-1818)

In April 1787, the Admiralty of Amsterdam established a Commissie tot de zaaken, het bepalen der lengte op zee en het verbeteren der zeekaarten betreffende (Committee on matters relating to the determination of longitude at sea and the Improvement of charts), or ‘Longitude Committee’ for short.  A correspondent at the Admiralty of Rotterdam was added to this committee in 1789. After 1795 the Longitude Committee served as an agency of the newly centralized Dutch Navy. Apart from an interruption between 1811 and 1815, the Committee continued to function until 1850.

The task of the Longitude Committee was not to assess new proposals for solving the problem of longitude at sea, but to track, select and communicate any information about techniques, instruments and aids that could be useful for measuring longitude at sea.   When the Committee was reinstated after the Napoleonic period, its task was redefined to include the examination of naval officers, the improvement of charts and the annual publication of a nautical almanac. The Longitude Committee has played a key role in spreading among naval officers and merchant seamen in the Netherlands the knowledge, skills and aids needed for applying the methods of lunar distances and longitude by chronometer.

The Committee normally consisted of one or two professors from the Athenaeum Illustre in Amsterdam or the universities of Leiden and Utrecht, plus an expert from the Navy and a representative of the leading publishing house of nautical books and charts in the Netherlands, the firm Hulst van Keulen in Amsterdam. One of the principal actors in the Committee during the six decades of its existence was Jacob Florijn (1751-1818), who first liaised as a correspondent of the Rotterdam Admiralty and since 1795 combined a full membership of the Committee with the position of  ‘General mathematician and examiner  of officers of the Dutch Navy’. In my paper, I will take a closer look at the ‘backward’ and ‘forward linkages’ of Florijn’s activities in the Longitude Committee and the Navy, both in a national and an international context. The main questions to be discussed are: where and how did he get the information, how did he evaluate, select and adapt it, and how did he manage to get ‘new’ knowledge, skills and instruments adopted by Dutch seafarers?

Richard Dunn (NMM-Greenwich)

From Board to broadband: The value of mass digitization

In July 2013, the archives and publications of the British Board of Longitude and closely related material from Cambridge and Greenwich were made publicly available online via the Cambridge Digital Library. The launch was the result of a collaboration between Cambridge University Library, the Department of History and Philosophy of Science, Cambridge, and the National Maritime Museum. Looking at how the project was conceived and executed provides some insight into the often unexpected breadth and historical value of institutional archives of this nature and at the benefits that can arise from carrying out large digitization projects with public access in mind.

Jean-Marie Feurtet (Montpellier)

L'Observatoire de Marseille, succursale du Bureau des longitudes (années 1790-années 1850)

Second site de l’astronomie d’observation française au début du XIXème siècle, réputé dans toute l'Europe pour la qualité de son ciel et ses chasseurs de comètes, l’observatoire des Accoules à Marseille est un cas singulier de tutelle exercée à distance par le Bureau des longitudes nouvellement institué. Après des tentatives inabouties de partenariats, le cénacle parisien met en place un système de contrôle croissant sur l'observatoire phocéen à compter des années 1810. Les directions Gambart (1822-1836) puis Valz (1836-1860) offrent chacune des perspectives uniques sur les tentatives de (re)constitution d'un réseau astronomique national et d'établissement de nouvelles règles d'administration du travail scientifique. Le délitement des règles de la "république des savants" et la progressive fonctionnarisation d’un site marqué par l'autonomie de ses origines sont un des faits marquants du monopole du Bureau ; ils précèdent et préparent la fondation d'un nouvel observatoire sous l'impulsion de Le Verrier.

Fernando B. Figuereido (University of Coimbra)

Les longitudes et les Éphémérides Astronomiques de l'Observatoire Astronomique Royale de l'Université de Coimbra (1803-1845)

En 1772, lors d’un processus de réforme de l'éducation à l'Université de Coimbra, le gouvernement Portugais crée la Faculté des Mathématiques. Cette réforme propose aussi la création d'un Observatoire Astronomique (OAUC), un établissement destiné à la fois à l'enseignement et à la recherche : l’observatoire a l’objectif d’asservir les besoins de la Nation et notamment de  publier des éphémérides astronomiques pour venir en aide à la navigation. Bien que la construction de l'observatoire commença  dès la fin de 1772 dans la  ville de Coimbra, suite à  diverses vicissitudes les travaux furent interrompus et ne furent repris qu’en 1790. L’OAUC fut finalement inauguré en 1799 et sa double mission d’enseignement et de recherche, fut réaffirmée. L’arrêté de l’OAUC  du 4 décembre 1799 renforce sa caractéristique scientifique, l’activité d’enseignement fut alors  considérée comme secondaire par rapport à la recherche astronomique. L’arrêté de création de l’OAUC établissait aussi sa principale attribution : calculer et publier ses propres éphémérides astronomiques  « pour son usage particulier, à l’image des autres grands observatoires européens ». Ces éphémérides ne devaient pas être déduites ou copiées du Nautical Almanac and astromical ephemeris publié en Grande Bretagne, ni d’aucun autre, mais déterminées directement à partir des tables astronomiques. Le premier volume des « EPHEMERIDES ASTRONÓMICAS DO OBSERVATÓRIO REAL DA UNIVERSIDADE DE COIMBRA » (EAOAUC) fut publié par les presses universitaires en 1803, et composées de données astronomiques pour l’année 1804.

Dans cette communication, nous décrivons et illustrons quelques-unes des plus importantes caractéristiques de cette publication (pendant la période de 1803 et 1845), et aussi certains articles publiés par José Monteiro da Rocha (1734-1819), directeur de OAUC, au sujet du calcul des longitudes.

Rebekah Higgitt (Kent University)

French influence: the Board, the Bureau and the 1818 Longitude Act

The foundation of the Bureau des longitudes in 1795 was presented as an imitation of the British Board of Longitude, intended to help recover the relative strength of the French Navy. The Bureau was, however, in many ways quite different to the Board, and use of the British model was more rhetoric than a practical guide to action. Rather, some of the characteristics distinct to the French model, such as having jurisdiction over astronomical observatories, proved to be an inspiration to the British Board, particularly once Joseph Banks became the most influential member after the death of Nevil Maskelyne in 1811. This paper will, therefore, look at some of the British responses to the formation of the Bureau and suggest that the ambitious recasting of the Board in a new Act of Parliament in 1818 drew significant inspiration from France.

Colette Le Lay (Centre François Viète)

Le Bureau des longitudes et la diffusion de l’astronomie (1795-1880)

Lorsqu’il propose à la Convention de créer le Bureau des longitudes en 1795, l’abbé Grégoire ne manque pas de mentionner le rôle que celui-ci pourra jouer dans la diffusion des Lumières. A ce titre, l’article 6 du texte fondateur stipule « Un des membres du Bureau des Longitudes fera chaque année un cours d'Astronomie ». C’est Jérôme Lalande, grand diffuseur des connaissances astronomiques auprès d’un vaste public, qui s’acquitte tout d’abord de la tâche avant que François Arago ne reprenne le flambeau avec le lustre que l’on sait.

Autre pierre de l’édifice : les Notices, dont Jérôme Lalande avait agrémenté la Connaissance des temps sous l’Ancien régime, deviennent un incontournable de l’Annuaire du Bureau. La plume vive d’Arago dévoile aux nombreux fidèles de la publication les derniers développements de la science des astres. C’est sur ce socle qu’Arago s’appuiera lorsque, au soir de sa vie, il entreprendra de rédiger son Astronomie populaire.

Camille Flammarion, Louis Figuier, Jules Verne, entre autres, sont des lecteurs assidus des Notices dont ils s’inspirent copieusement.

Lors de la prise en main des rênes de l’astronomie française par Urbain Le Verrier en 1854, la vulgarisation est reléguée au dernier rang des préoccupations du nouveau directeur de l’Observatoire. Le Bureau des longitudes, devenu le bastion des opposants à Le Verrier, doit tout d’abord lutter âprement pour sa survie. Il finira néanmoins  par renouer avec la tradition de diffusion initiée par Lalande et Arago.

Simon Schaffer (Cambridge University)

Newton and the Longitude

Isaac Newton played a decisive role in the passage of the 1714 Longitude Act, and in the business of the Commissioners in the first decade of their role. His papers reveal a great deal about the complex relation between astronomy, instrument making and the range of schemes encouraged by the reward for longitude at sea.

Manifestation organisée par Martina Schiavon et Laurent Rollet, avec le soutien de :

  • MSH Lorraine
  • Conseil scientifique de l'Université de Lorraine
  • UFR Connaissance de l'Homme